(Ottawa) Le gouvernement de Justin Trudeau s’est finalement entendu avec celui de Doug Ford pour les garderies à 10 $. Les frais de garde d’enfant en Ontario sont les plus élevés au pays. La province est pourtant la dernière à conclure un accord avec Ottawa.

Les deux premiers ministres en ont fait l’annonce lundi dans un YMCA de Brampton, en banlieue de Toronto. Il s’agit de l’un des endroits au pays où les frais de garderie ont grimpé de façon draconienne au cours des dernières années – environ 20 % de 2019 à 2020, selon le Centre canadien de politiques alternatives.

« Pour les familles ontariennes, l’entente va faire une vraie différence », a déclaré le premier ministre Justin Trudeau. Il s’est félicité d’avoir pu compléter sa promesse de créer un système national de garderies. L’ensemble des provinces et des territoires ont désormais leur propre entente avec Ottawa. Le budget présenté en 2021 prévoyait 27,2 milliards sur cinq ans pour ce programme.

Le gouvernement Ford espérait obtenir plus que les 10,2 milliards offerts par le gouvernement fédéral, alors qu’il se prépare pour une campagne électorale. Les prochaines élections en Ontario sont prévues le 2 juin. C’est finalement le montant qu’il a obtenu sur cinq ans, en plus d’un engagement de 2,9 milliards en 2026-2027. Les sommes étaient déjà prévues dans le budget fédéral.

L’entente prévoit une diminution graduelle des frais de garde, d’abord de 25 % en moyenne. Elle atteindra ensuite 50 % en moyenne d’ici la fin de l’année. Une famille pourrait ainsi économiser en moyenne 6000 $ par enfant d’ici la fin du mois de décembre.

L’objectif de 10 $ par jour serait atteint dans quatre ans. L’entente permettra de créer 86 000 nouvelles places en garderies d’ici la fin de 2026 en Ontario.

« C’est l’une des plus grosses ententes que nous avons signées », a déclaré le premier ministre ontarien, Doug Ford.

« Ce n’est pas à propos du gouvernement fédéral ou du gouvernement provincial, c’est à propos des parents qui auront accès à des garderies à 10 $ et qui verront les économies dès le 1er avril », a-t-il ajouté en soulignant à plusieurs reprises qu’il s’était élevé au-dessus de la partisanerie. M. Ford dirige un gouvernement progressiste-conservateur et M. Trudeau un gouvernement libéral.

À Ottawa, les conservateurs ont critiqué l’approche du « gouvernement NPD-libéral » en faisant allusion à l’entente récemment intervenue entre les deux partis. « De nombreuses familles ont besoin de flexibilité, et non pas d’une approche rigide dictée par Ottawa », a déclaré la députée albertaine, Laila Goodridge, en faisant référence aux travailleurs qui ont des horaires atypiques et à ceux qui sont à contrat.

« Cette mesure était attendue depuis longtemps, a réagi la députée néo-démocrate, Leah Gazan. Les familles ontariennes attendent depuis plus de 25 ans que les libéraux mettent en place un programme national de service de garde. Je suis soulagée que le premier ministre Doug Ford, après d’intenses pressions publiques, ait finalement signé l’entente. Les familles n’auraient jamais dû avoir à attendre. »

L’adoption d’une loi pour pérenniser le financement des accords du fédéral avec les provinces et les territoires sur les services de garde fait partie des engagements du gouvernement Trudeau envers le Nouveau Parti démocratique, en échange de son soutien à la Chambre des communes.

Toronto est la ville au pays où il en coûte le plus cher pour avoir un enfant à la garderie. Les frais de garde médians sont de 1 250 $ par mois pour les enfants d’âge préscolaire et de 1866 $ par mois pour les poupons.

La Colombie-Britannique avait été la première province en juillet à conclure une entente pour les garderies à 10 $ avec le gouvernement Trudeau. Le Québec avait conclu la sienne un mois plus tard. Elle prévoit 6 milliards sur cinq ans.