(Ottawa) Les États-Unis font pression sur le Canada pour qu’il dévoile, lors d’un sommet la semaine prochaine en Corée du Sud, un plan de déploiement d’unités médicales et de drones dans des missions des Nations unies.

Les États-Unis demandent également au Canada de respecter la promesse faite par le premier ministre Justin Trudeau aux Nations unies il y a quatre ans d’une force de maintien de la paix de 200 militaires.

La demande américaine est contenue dans une lettre envoyée plus tôt ce mois-ci à Affaires mondiales Canada par l’ambassade des États-Unis, dont une copie a été obtenue par La Presse Canadienne.

La lettre précède une réunion de haut niveau sur le maintien de la paix que la Corée du Sud accueille la semaine prochaine, au cours de laquelle les pays devraient prendre de nouveaux engagements envers l’ONU.

Ces pays incluent le Canada, dont le gouvernement libéral a été critiqué pour ne pas avoir tenu ses promesses passées.

La note diplomatique du 8 novembre commence par remercier le Canada pour son rôle historique dans le maintien de la paix. La note souligne le récent déploiement de soldats au Mali. Les Américains félicitent également le Canada d’avoir augmenté le nombre de femmes déployées dans des missions de l’ONU.

La note indique clairement que Washington s’attend à ce que le Canada en fasse plus.

« Nous demandons que le Canada s’engage à fournir des unités médicales et des systèmes aériens sans pilote aux missions de maintien de la paix de l’ONU », indique la lettre obtenue par La Presse Canadienne.

« De plus, nous savons que le Canada s’est engagé à fournir une force de réaction rapide au maintien de la paix de l’ONU lors de la conférence ministérielle de Vancouver. Nous exhortons le Canada à tenir cette promesse. »

M. Trudeau a promis pour la première fois la force de réaction rapide de 200 membres lors de l’organisation d’une conférence très médiatisée sur le maintien de la paix à Vancouver en novembre 2017, mais le gouvernement ne l’a pas encore enregistrée auprès de l’ONU.

Le premier ministre s’était également engagé à l’époque à fournir des unités d’hélicoptères et d’avions de transport militaires, ce qui a été fait depuis.

Ces engagements faisaient suite à deux années de nobles promesses des libéraux de Justin Trudeau selon lesquelles le Canada reviendrait en force au maintien de la paix, après des années de déclin de la participation sous les gouvernements précédents.

Les hélicoptères ont finalement été déployés au Mali pendant un an et les avions de transport effectuent des missions de soutien occasionnelles à partir de l’Ouganda. Mais la force de réaction rapide ne s’est pas encore matérialisée.

Pendant ce temps, la contribution totale du Canada à l’ONU a chuté à des niveaux historiquement bas.

Le Canada comptait 57 soldats et policiers en mission de maintien de la paix à la fin septembre, selon l’ONU. Alors que ce chiffre était en hausse par rapport au creux de 34 en août 2020, il représente moins de la moitié du nombre de soldats et de policiers qui étaient en poste lorsque les libéraux ont pris le pouvoir en 2015.

Le bureau de la ministre de la Défense Anita Anand, qui devrait représenter le Canada au sommet de Séoul, et celui de la ministre des Affaires étrangères Mélanie Joly n’ont pas répondu aux demandes de La Presse Canadienne pour commenter le dossier.

Mais le gouvernement libéral avait précédemment indiqué qu’il s’était donné jusqu’en novembre 2022 – cinq ans après le sommet de Vancouver – pour tenir les trois promesses : les hélicoptères, les avions de transport et la force de réaction rapide.

Affaires mondiales Canada a reconnu plus tôt ce mois-ci l’importance des missions de maintien de la paix de l’ONU, mais a déclaré dans un communiqué : « Depuis que cet engagement a été pris, la dynamique mondiale ainsi que les besoins de l’ONU ont continué de changer et d’évoluer. »

On peut également lire dans le communiqué que « les possibilités d’une contribution canadienne concernant une force de réaction rapide n’ont pas encore été déterminées ».

Des observateurs se sont déjà demandé pourquoi le Canada mettait tant de temps à créer cette force, ou même à l’enregistrer dans la base de données des Nations unies sur les engagements de maintien de la paix, ce qui est normalement l’étape que les pays franchissent après avoir pris un engagement.

L’ONU a répertorié les forces de réaction rapide comme l’un des nombreux besoins « critiques » pour les missions de maintien de la paix dans le monde, affirmant qu’elles étaient nécessaires pour protéger les civils et faciliter l’acheminement de l’aide.

De telles unités ont été déployées ces dernières années en République démocratique du Congo et en République centrafricaine, où elles ont affronté différents groupes armés alors que l’ONU cherchait à assurer la sécurité et la stabilité.

Dans un rapport régulier concernant le maintien de la paix, les Nations unies ont déclaré en septembre que, bien qu’elles aient besoin de huit forces de réaction rapide, seules trois avaient été promises et enregistrées dans sa base de données.