(Ottawa) Le ministère de l’Immigration va accélérer le processus d’évacuation et d’accueil des familles d’interprètes et des autres personnes qui ont contribué à la mission canadienne en Afghanistan, a annoncé le ministre Marco Mendicino.

Le ministre Mendicino a fait ces remarques alors que le ministre de la Défense Harjit Sajjan a confirmé que le premier avion canadien rempli de réfugiés afghans avait transporté 188 personnes hors de l’aéroport de Kaboul jeudi soir.

En entrevue avec La Presse Canadienne, M. Mendicino a affirmé que son ministère allait ajouter des ressources pour faciliter l’accueil de réfugiés afghans.

Il a ajouté que le gouvernement n’allait pas exiger un passeport ou un test négatif à la COVID-19 des passagers afghans et qu’un pays tiers sécuritaire allait s’occuper de leur évaluation biométrique.

Le plus grand obstacle demeure les points de contrôle des talibans que les Afghans doivent traverser pour atteindre l’aéroport de Kaboul, selon M. Mendicino.

« Nous nous attendons à ce que tous les Afghans qui sont admissibles à notre programme puissent accéder de façon sécuritaire à l’aéroport », a-t-il indiqué.

Le ministère de la Défense nationale a annoncé cette semaine que deux avions de transport C-17 avaient été déployés pour effectuer des vols réguliers vers et à partir de Kaboul.

Environ 1000 réfugiés afghans sont déjà arrivés au Canada, selon M. Mendicino.

« Nous avons travaillé en étroite collaboration avec nos alliés, en particulier avec les États-Unis et le Royaume-Uni pour nous assurer que nous sommes aussi efficaces que possible, tous ensemble, en faisant sortir le plus d’Afghans possible et en mettant les gens en sécurité », a déclaré le chef libéral Justin Trudeau lors d’un arrêt de campagne à Winnipeg.

Il a ajouté que plusieurs autres vols aller-retour au départ de Kaboul devaient suivre vendredi.

Un interprète qui attend actuellement à Kaboul d’être évacué au Canada avec sa femme et ses trois enfants a déclaré que les militants talibans avaient frappé à sa porte vendredi matin pour lui demander ce qu’il faisait dans la vie et pourquoi il n’était pas dans sa province d’origine.

L’interprète que La Presse Canadienne ne nomme pas pour protéger sa sécurité a déclaré qu’il avait dû mentir aux militants en leur disant qu’il travaillait dans une boulangerie et qu’il est à Kaboul pour le travail.

« Ils fouillaient toutes les maisons où j’habite », a déclaré l’interprète qui travaillait auparavant avec les Forces armées canadiennes à Kandahar.

Il a déclaré avoir soumis sa demande de réinstallation au Canada le mois dernier et que lui et sa femme se sont rendus à l’ambassade du Canada à Kaboul le 5 août, avant que les talibans ne prennent le contrôle de la capitale afghane.

Il a indiqué qu’il n’avait pas eu de nouvelles du gouvernement canadien depuis lors.

« C’est très dangereux d’être à Kaboul », a-t-il déclaré. « Les choses empirent d’heure en heure. »

Il a expliqué qu’il pouvait se rendre à l’aéroport de Kaboul, mais qu’il n’était pas sûr de pouvoir entrer avec sa famille en raison de la grande foule de personnes qui attendaient à l’extérieur.

« C’est une situation très difficile à l’extérieur », a-t-il déclaré. « J’ai vu des vidéos… et ils tirent en l’air juste pour effrayer les gens. »

Le premier ministre Justin Trudeau a annoncé jeudi que le pays avait envoyé des soldats en sol afghan pour faciliter l’évacuation des réfugiés.

Les anciens interprètes, le personnel de soutien et leur famille, qui sont à risque de se faire arrêter ou maltraiter par les talibans en raison de leur collaboration avec l’armée canadienne ou avec d’autres organisations, font partie des réfugiés accueillis.

Le gouvernement Trudeau a promis la semaine dernière d’accueillir 20 000 réfugiés qui ont déjà fui l’Afghanistan.

D’anciens combattants et des militants dénoncent depuis plusieurs semaines la gestion de la crise par le gouvernement canadien. Les Afghans doivent remplir des formulaires compliqués, respecter des exigences irréalistes et déroutantes et ne reçoivent souvent aucune nouvelle du ministère après avoir envoyé les documents requis, s’inquiètent-ils.