(Washington) Ce n’est pas parce que le Canada et les États-Unis ont travaillé en étroite collaboration pour restreindre les déplacements à leur frontière commune qu’ils allaient toujours avancer au même rythme au moment de la rouvrir, a affirmé vendredi l’ambassadrice canadienne aux États-Unis.

Il y a eu une coordination « énorme » et un partage d’informations entre les deux pays concernant la frontière depuis le début de la pandémie de COVID-19, a souligné Kirsten Hillman.

« Mais la coordination ne signifie pas que nous allons faire exactement la même chose », a ajouté Mme Hillman lors d’une table ronde du Wilson Center aux côtés de son homologue américain par intérim Arnold Chacón.

Il s’agissait de la première apparition publique de Kirsten Hillman depuis que les États-Unis ont confirmé mercredi qu’ils maintiendraient leurs restrictions de voyage qui touchent les visiteurs non essentiels en provenance du Canada pendant au moins 30 jours supplémentaires.

PHOTO JEFF MCINTOSH, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Kirsten Hillman

Son message était cependant le même que celui qu’elle livre depuis des semaines, soit que chaque pays finirait par prendre ses propres décisions.

La décision des États-Unis d’étendre les restrictions de voyage a été annoncée deux jours seulement après qu’Ottawa eut déclaré que les citoyens américains entièrement vaccinés et les résidents permanents seraient autorisés à fouler à nouveau le sol canadien à compter du 9 août, et que le reste du monde pourra faire de même dès le 7 septembre.

Les restrictions ont toujours été très différentes, a noté Mme Hillman – les voyageurs aériens canadiens ont toujours pu se rendre aux États-Unis, où la majeure partie des restrictions s’appliquent principalement aux passages terrestres, tandis que le Canada a restreint tous les voyages discrétionnaires en provenance du sud de la frontière.

Nous nous engageons tous les deux à prendre des décisions fondées sur la science et les conseils d’experts – et il s’agit de nos experts, notre science, nos experts, notre pays, ce qui se passe pour nous sur le terrain.

Kirsten Hillman, ambassadrice canadienne aux États-Unis

« Les États-Unis font la même chose : ils prennent des décisions en fonction de leur situation sur le terrain. »

M. Chacón, qui était d’accord avec l’évaluation de Mme Hillman sur le travail d’équipe « stellaire » à ce jour entre les deux pays, a simplement mentionné que les discussions sur la frontière sont en cours et se poursuivront.

« Nous continuons de revoir nos restrictions de voyage, et toute décision concernant la réouverture des frontières sera guidée par nos experts en santé publique », a déclaré M. Chacón depuis Ottawa, reprenant la position de l’administration Biden.

« Nous prenons cela très, très au sérieux. Mais je pense que nous sommes bien placés et la trajectoire est très prometteuse. »

Les responsables du département de la Sécurité intérieure des États-Unis ont spécifiquement cité la propagation galopante de la variante Delta de la COVID-19 pour expliquer de leur décision – qui comprend le Mexique – et ont promis de garder les canaux de communication ouverts.

Mais la divergence apparente a mis en colère les résidents américains qui attendent depuis des mois l’occasion de visiter leurs amis, leurs familles et leurs propriétés de vacances au Canada, ainsi que les membres du Congrès qui les représentent.

La représentante de New York, Elise Stefanik, une républicaine, a dénoncé la décision plus tôt cette semaine comme « absolument et sans équivoque inacceptable », rejoignant un groupe croissant de législateurs américains en colère qui comprend le chef de la majorité au Sénat Chuck Schumer et l’ensemble de la délégation du Maine au Congrès.

Le représentant Brian Higgins, un démocrate de New York qui a mené la charge contre les restrictions, s’est décrit comme « furieux » par ce qu’il a appelé une extension « incompréhensible ».

Les experts de la situation frontalière affirment que le retard peut être lié à une réticence à rouvrir la frontière américano-mexicaine, étant donné la crise des réfugiés qui s’y déroule, et la crainte des conséquences politiques si les voyages depuis le Canada se taillent une longueur d’avance.

Il y a aussi l’élément supplémentaire de savoir si les États-Unis, où seulement 57 % des Américains admissibles ont été complètement vaccinés contre la COVID-19, feront de la preuve de vaccination une condition d’entrée.

La Maison-Blanche a déjà clairement indiqué qu’elle n’appuyait pas l’exigence d’une preuve de vaccination pour entrer aux États-Unis, un pays célèbre pour son attachement féroce aux libertés personnelles.

John Adams, un résident de Floride qui possède une propriété de vacances sur l’île de Vancouver, a financé une campagne publicitaire transfrontalière à la télévision et sur l’internet contre les deux gouvernements ces dernières semaines pour les convaincre d’alléger les restrictions.

Sa dernière publicité à l’offensive de style campagne électorale, qui a commencé à être diffusée vendredi, accuse le président Joe Biden de « tenir des citoyens canadiens en otage », avec des images célèbres de prisonniers aux yeux bandés détenus en Iran pendant la crise des otages de 1980.