(Ottawa) L’agence fédérale de cybersécurité prévient que les Canadiens seront probablement confrontés à des efforts de la part d’« auteurs étrangers » pour influencer ou entraver leur droit de vote avant et pendant le prochain scrutin fédéral, qui pourrait survenir plus tôt que prévu.

Le Centre de la sécurité des télécommunications (CST) indique également dans un nouveau rapport que la tenue d’élections fédérales pendant la pandémie de COVID-19 pourrait bien accroître cette menace d’ingérence étrangère, puisque certaines activités électorales et démocratiques se feront en ligne.

Mais le CST fait confiance à Élections Canada. « Toute modification au processus électoral peut entraîner une hausse de la cybermenace, mais nous estimons que les modifications prévues n’occasionneront pas une intensification considérable de la cybermenace qui pèse sur le processus démocratique du Canada », lit-on dans le nouveau rapport.

Ce rapport est publié alors que le premier ministre Justin Trudeau pourrait déclencher une campagne électorale cet été ou cet automne, ce qui amènerait les Canadiens aux urnes pour la deuxième fois depuis 2019.

Le CST se préoccupe en particulier de l’augmentation attendue du nombre de Canadiens qui voteront par la poste cette fois-ci. L’agence prévient que des étrangers pourraient essayer d’utiliser cette façon de voter pour saper la confiance des Canadiens dans les résultats des élections, en faisant croire que ce vote par correspondance est moins fiable.

« Selon nous, il est très probable qu’on assiste, à la prochaine élection fédérale, à la dissémination de fausse information qui tisserait un lien entre le vote par la poste et la fraude électorale », selon le rapport. Le CST croit toutefois que ces faux messages seront « moins présents et influents » que lors des élections américaines de 2020. Des allégations généralisées de fraude électorale ont souvent été perpétuées par Donald Trump et ses partisans.

Et bien que le CST pense qu’il y aura des tentatives pour influencer la plupart des Canadiens, il affirme que « comparativement à ceux d’autres pays, le processus démocratique du Canada n’est pas une cible prioritaire pour les auteurs de cybermenace parrainés par des États ».

Encore du papier

Le fait que le scrutin fédéral soit encore basé beaucoup sur les documents papier est également considéré comme une assurance. Le CST salue aussi les « mesures de défense robustes » d’Élections Canada et plusieurs autres mesures adoptées par le gouvernement ces dernières années.

Le rapport du CST impute la plupart des activités de cybermenace parrainées par des États et menées contre des processus démocratiques partout dans le monde depuis 2015 à des gouvernements étrangers, la plupart perpétrés par des auteurs en Russie, en Chine et en Iran.

Le Canada est une cible potentielle, selon le rapport, en raison de son rôle actif sur la scène mondiale, ce qui peut avoir un impact sur d’autres pays, des groupes étrangers et des individus.

« Des auteurs de menace pourraient utiliser des cyberoutils pour cibler le processus démocratique du Canada dans le but de modifier les résultats des élections, d’influencer les choix des décideurs politiques et les relations du gouvernement avec ses partenaires étrangers et nationaux ou de nuire à la réputation du Canada à l’échelle mondiale », lit-on dans le rapport.

Et bien que le Canada puisse avoir de bonnes défenses et ne semble pas une cible majeure pour l’instant, le CST rappelle qu’un nombre croissant d’acteurs ont les outils, la capacité et la compréhension du paysage politique de ce pays pour prendre des mesures à l’avenir « s’ils sont motivés par un objectif stratégique ».

Le nombre d’attaques contre des élections dans le monde a considérablement augmenté entre 2015 et 2017, selon le CST, mais il s’est depuis stabilisé. Et tandis que les menaces sont devenues plus sophistiquées, les mesures adoptées par les gouvernements pour se protéger le sont aussi.

Le CST indique également que les électeurs sont plus souvent ciblés que les partis politiques ou le scrutin proprement dit, probablement parce que les auteurs étrangers de ces cybermenaces pensent que c’est plus facile et plus efficace.

Les partis politiques et les candidats seront probablement ciblés lors du prochain vote, car ils mèneront davantage d’activités de campagne sur l’internet et utiliseront plus d’outils en ligne qu’auparavant, rappelle le CST. Mais « il est très improbable que cette cybermenace s’inscrive dans une campagne sophistiquée menée précisément contre un parti politique ou un candidat ».