Une équipe de 40 pompiers forestiers québécois s’envolera lundi vers la Colombie-Britannique, où la multiplication des incendies a atteint un point critique ces derniers jours. L’évacuation du village de Lytton, où le feu a fait au moins deux morts et détruit 90 % de la surface, a marqué les esprits partout au pays.

« Pour nous, une quarantaine de ressources, c’est quand même assez important comme déploiement. Pour vous donner une idée, on ne pourrait pas vraiment dépasser le cap des 60 dans une seule province. Le Québec n’est pas la province où on compte le plus de pompiers forestiers », a expliqué samedi le porte-parole de la Société de protection des forêts contre le feu (SOPFEU), Stéphane Caron.

Deux personnes en encadrement, soit un représentant d’agence et un officier à la sécurité, accompagneront les pompiers en Colombie-Britannique. Selon les données des autorités provinciales, 175 incendies actifs faisaient rage dans la province samedi en soirée, dont des dizaines qui avaient pris naissance au cours des deux derniers jours. Environ 70 % ont probablement été déclenchés par la foudre, selon le dernier bilan.

Plus à l’est, des effectifs de la SOPFEU ont déjà décollé début juillet. En Ontario, deux avions-citernes de type CL-415 ont été déployés, transportant chacun deux pilotes, deux copilotes et deux techniciens, soit six personnes.

En Alberta, deux officiers ont aussi été envoyés jeudi dernier à Edmonton, avec pour mandat d’appuyer les équipes locales sur le terrain. La Colombie-Britannique prévoit également l’arrivée d’avions et de troupes des Forces armées canadiennes au cours des prochains jours.

C’est « la situation qui prévaut au Québec et les précipitations récentes » qui permettent à la SOPFEU de « prêter des ressources à ses collègues des autres provinces sans nuire à sa capacité d’intervention sur le territoire québécois », a expliqué l’organisme dans un communiqué publié vendredi soir.

« Depuis le début de la saison de protection au Québec, les 421 incendies combattus en zone de protection intensive ont affecté 7672,6 hectares de forêt. En moyenne, 443 incendies sont allumés chaque année, affectant 18 390 hectares de forêt au Québec. Nous invitons la population à redoubler de prudence en cette période estivale, où les conditions sont souvent propices à l’éclosion d’incendies », a prévenu l’organisme.

Intensification à Lytton

Samedi, le Service des incendies de forêt de la Colombie-Britannique a déclaré que l’incendie de forêt qui faisait rage près de Lytton s’était intensifié depuis vendredi soir, tandis qu’un autre incendie a forcé l’évacuation de plus d’une centaine de résidences. L’incendie qui brûlait près de Lytton s’était étendu sur 83 kilomètres carrés.

PHOTO DARRYL DYCK, LA PRESSE CANADIENNE

Un hélicoptère se prépare à verser de l’eau sur l’incendie de forêt qui sévit à Lytton, le 2 juillet.

Ailleurs, un incendie de forêt incontrôlable à une quarantaine de kilomètres au sud-ouest de Kamloops, en Colombie-Britannique, a forcé les autorités à évacuer plus d’une centaine de résidences vendredi soir. Les ordonnances du district régional de Thompson-Nicola indiquent que l’incendie dans la région du lac Durand a commencé à menacer les structures et la sécurité des résidants.

Cliff Chapman, directeur des opérations provinciales du Service des incendies de forêt de la Colombie-Britannique, a déclaré que la récente vague de chaleur extrême avait créé des conditions favorables à une « propagation importante » des incendies de forêt, de sorte qu’un millier de kilomètres carrés pourraient brûler d’ici la fin du week-end.

Il reste difficile pour le moment de dresser la liste des endroits où sont réfugiés les résidants de Lytton, en raison de la précipitation qui a marqué l’évacuation mercredi soir et de l’absence de réseau cellulaire.

Les recherches se poursuivent dans l’espoir de retrouver des personnes qui manquent à l’appel à la suite de l’évacuation.

Deux personnes ont péri dans l’incendie, a déjà annoncé la coroner en chef de la province, Lisa Lapointe, vendredi soir. Le sergent Chris Manseau, porte-parole de la GRC en Colombie-Britannique, a précisé samedi qu’une enquête serait lancée au cours des prochains jours dans les environs. « Nous allons travailler avec les Services de lutte contre les incendies de forêt pour trouver des réponses. Nous savons qu’il y a plusieurs hypothèses sur la table », a-t-il dit, en référence aux nombreuses informations qui ont fuité en ligne quant à l’origine de l’incendie.

Vendredi, la coroner en chef avait déclaré que 719 morts subites avaient jusqu’ici été signalées dans la province pendant la vague de chaleur historique de la dernière semaine. Ce nombre est sans précédent pour une même période ; le nombre de décès est trois fois plus élevé qu’en temps normal. « Je ne peux qu’insister sur le fait que le risque d’incendie est actuellement extrême dans presque toutes les régions de la Colombie-Britannique et j’exhorte les Britanno-Colombiens à écouter attentivement les autorités et à suivre les directives », a prié le premier ministre de la province, John Horgan.

Le gouvernement fédéral entend aussi fournir des renforts. Le premier ministre Justin Trudeau a réuni vendredi plusieurs ministres pour apporter l’aide du gouvernement central aux provinces sinistrées. Ottawa a notamment annoncé l’ouverture d’un centre d’opération à Edmonton, dans l’ouest du Canada, où 350 soldats se tiendront prêts à apporter une aide logistique « à travers la région au besoin ».

Avec La Presse Canadienne et l’Agence France-Presse