(Washington) Justin Trudeau a écarté, lundi, la possibilité d’une réouverture imminente de la frontière canado-américaine.

Les Canadiens attendent avec impatience le jour où les voyages transfrontaliers réguliers reprendront « éventuellement », a déclaré le premier ministre lors d’une conférence de presse à Montréal — sa première apparition publique à l’extérieur d’Ottawa depuis un certain temps.

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Justin Trudeau

Bien que ce jour arrivera inévitablement, il n’est pas imminent tant que la COVID-19 continue de représenter un risque important pour la santé publique, a-t-il soutenu.

« Nous sommes tous impatients de pouvoir voyager à nouveau », a déclaré M. Trudeau.

« Mais je pense que nous allons tous attendre patiemment jusqu’à ce que la situation sanitaire nous permette d’assouplir les restrictions frontalières au niveau international. Ça se fera éventuellement, mais ce n’est pas pour tout de suite. »

Les récentes conversations de M. Trudeau avec le président Joe Biden et le secrétaire d’État Antony Blinken avaient ravivé les espoirs de certains sur une réouverture prochaine de la frontière.

La semaine dernière, M. Biden a profité de son premier discours diffusé à heure de grande écoute comme président pour évoquer la possibilité d’autoriser de petits rassemblements avant le congé du 4 juillet, fête nationale aux États-Unis, grâce à de vastes stocks de vaccins et à des efforts redoublés pour les faire administrer.

Le président Biden a déclaré qu’il s’attendait à avoir suffisamment de vaccins pour chaque adulte américain d’ici la fin mai et a ordonné aux États de rendre tous les adultes éligibles à la vaccination avant le 1er mai.

Au Canada, cependant, où l’achat et la distribution de vaccins ont été moins fructueux, les représentants gouvernementaux — convaincus que les restrictions sélectives ont maintenu les chaînes d’approvisionnement et le flux du commerce transfrontalier en grande partie intact — sont moins pressés de lever les restrictions.

Cela n’a pas empêché certains législateurs américains, chefs d’entreprise et autres à commencer à intensifier leurs efforts afin de relancer le trafic international.

Brian Higgins, représentant démocrate de l’État de New York au Congrès américain et président démocrate du caucus des États frontaliers du Nord, exhorte le président Biden à faire d’un assouplissement progressif des restrictions aux frontières une priorité absolue pour la Maison-Blanche.

« La distance avec le Canada est maintenant plus grande qu’elle ne l’a jamais été de mon vivant », a déclaré M. Higgins dans une lettre récente adressée au président.

« Compte tenu des coûts économiques et sociaux que la fermeture de la frontière a eus sur la région, nous devons prioriser les efforts pour élargir les exceptions pour les voyageurs essentiels et planifier une réouverture progressive maintenant. »

Une délégation du Congrès de l’État de Washington, dirigée par la membre du congrès démocrate Suzan DelBene, a également intensifié la pression sur M. Biden au sujet de la frontière, citant l’impact économique de la fermeture depuis un an.

Mme DelBene a déclaré que les visiteurs canadiens avaient effectué près de 7 millions de voyages en 2018 dans le comté de Whatcom, qui borde la Colombie-Britannique, dépensant environ 138 millions de dollars américains dans les magasins et les entreprises locales.

Elle s’est plainte de l’approche discrétionnaire de certains douaniers de l’Agence des services frontaliers du Canada, qui, dans certains cas, ont refusé l’entrée à des voyageurs ayant une raison légitime de traverser la frontière.

Mme DelBene a cité le cas spécifique de Point Roberts, une communauté de Whatcom située immédiatement au sud du terminal de traversiers Tsawwassen de Vancouver, coupée du continent depuis un an.

Les résidents de Point Roberts « doivent traverser la frontière canadienne pour arriver aux États-Unis continentaux pour presque tout ce qui est essentiel au fonctionnement quotidien de leur vie », a-t-elle écrit dans une lettre distincte transmise au président Biden.

Elle souhaite que la Maison-Blanche donne la priorité à un plan bilatéral pour rétablir les voyages qui comprendraient la vaccination et un test à la frontière, la création d’exceptions pour les membres d’une même famille et les propriétaires ainsi que la possibilité pour les étudiants qui vivent d’un côté de reprendre les cours de l’autre.

Le Wilson Center, un groupe de réflexion sur les politiques publiques établi à Washington, a réuni un groupe de travail de haut niveau pour examiner les défis inhérents à la fois à la limitation des déplacements transfrontaliers et à la décision de savoir comment et quand lever ces limites.

Le groupe comprend l’ancien premier ministre du Québec, Jean Charest, l’ancienne ministre fédérale Anne McLellan et l’ancienne gouverneure de l’État de Washington, Christine Gregoire.

Le groupe de travail devrait publier jeudi des conclusions préliminaires sur l’impact économique de la fermeture.