(Ottawa) Le Service de protection parlementaire intensifie sa présence dans le secteur du Parlement canadien à la suite de plusieurs signalements récents de harcèlement.

L’agence, dont le mandat est de protéger la Colline du Parlement, n’exprimera aucun commentaire sur sa stratégie.

Le NPD a dit avoir dénoncé vendredi un incident de ce genre.

Une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux montre des images d’un individu demandant au chef néo-démocrate Jagmeet Singh s’il voulait bien se laisser arrêter avant de lui dire qu’ils se reverront pour « une nouvelle danse ».

« Nous avons signalé l’incident au Service de protection parlementaire, a déclaré le directeur des communications du NPD, George Soule. Au-delà de ça, nous n’avons plus rien à ajouter. »

Le service de protection, qui relève de la Gendarmerie royale du Canada et assure la sécurité de la colline du Parlement et de l’enceinte parlementaire environnante, a déclaré qu’il était au courant de l’incident impliquant M. Singh et « collaborait étroitement avec ses partenaires de sécurité ».

« Le Service de protection parlementaire surveille en permanence les menaces et nous ajustons notre niveau de sécurité sur la Colline du Parlement et dans l’enceinte parlementaire en conséquence », a-t-il ajouté dans un communiqué diffusé dimanche.

« À la suite d’incidents récents au cours desquels des parlementaires et des membres de la presse ont été harcelés, le service a accru sa présence et sa visibilité dans l’enceinte. »

« L’inaction » de la police dénoncée

Le président du Réseau canadien anti-haine, Bernie Farber, a dénoncé dimanche ce qu’il a qualifié d’« inaction de la police » lorsqu’il est question de harcèlement contre les politiciens canadiens.

« Ce n’est pas la première fois et cela encourage simplement les racistes et les intimidateurs, a-t-il déploré, à propos de la vidéo de M. Singh. Cela doit cesser. La police doit faire son travail. »

M. Farber a encouragé les dirigeants politiques de tous les partis « à prendre la parole lorsque leurs collègues de n’importe quel parti du spectre politique sont ciblés par des intimidateurs et des racistes ».

Une autre vidéo diffusée aussi cette semaine montrait ce qui semble être le même individu en train de suivre le journaliste de la SRC Daniel Thibeault et tenter de le mettre en état d’arrestation.

Les menaces en hausse

Les inquiétudes sur la sécurité des politiciens canadiens sont de plus en plus nombreuses à la suite d’une série d’incidents au cours des derniers mois. Selon les données de la GRC, diffusées pour la première fois par le « Toronto Star », le nombre de menaces proférées contre le premier ministre et le cabinet a augmenté par rapport à l’année dernière.

Selon la GRC, de janvier à juillet 2019, les services de police de protection ont ouvert 100 enquêtes sur des menaces, tandis que de janvier à juillet 2020, il y en avait environ 130.

Un réserviste de l’armée canadienne a été accusé en juillet de 22 chefs d’accusation après qu’un camion eut percuté une porte à Rideau Hall, où le premier ministre Justin Trudeau et sa famille résident.

Correy Hurren fait face à 21 accusations reliées aux armes ainsi qu’à une pour avoir menacé le premier ministre. Selon les policiers, plusieurs armes à feu et un chargeur illégal avaient été trouvés dans le camion de M. Hurren après son arrestation pacifique.

Le mois dernier, la ministre fédérale de l’Infrastructure, Catherine McKenna, avait réclamé une plus grande protection des politiciens canadiens contre les comportements menaçants après que quelqu’un eut crié des obscénités à des membres de son personnel au centre-ville d’Ottawa. Une enquête a été ouverte sur cet incident, selon la police.

La ministre McKenna a d’ailleurs dénoncé le traitement subi par M. Singh. « Ce n’est pas correct. Et ce n’est pas représentatif des Canadiens. Nous sommes meilleurs que cela », a-t-elle écrit sur Twitter.