(Ottawa) La commissaire fédérale au lobbying demande une augmentation de son budget afin de lui permettre de moderniser l’inscription des lobbyistes et de mieux suivre leurs activités.

Cette demande survient à un moment où les activités de lobbying se sont accrues à cause de la pandémie de COVID-19.

Selon la commissaire Nancy Bélanger, 441 lobbyistes se sont enregistrés afin de faire valoir leurs arguments auprès du gouvernement fédéral sur des questions liées à la pandémie.

Jamais n’avait-on enregistré un nombre aussi élevé d’inscriptions au cours d’un mois de mars depuis la création du commissariat, il y a 12 ans, a-t-elle indiqué au cours d’un entretien.

En décembre, la santé n’occupait que le cinquième rang des sujets les plus abordés par les lobbyistes auprès des élus et des fonctionnaires fédéraux, a fait savoir Mme Bélanger.

Ces données découlent des rapports mensuels que les lobbyistes sont tenus de déposer sur leurs activités.

Au cours des trois premiers mois de cette année, le lobbying sur le thème de la santé a explosé à point tel qu’il s’est retrouvé en tête du classement pour l’ensemble de l’exercice 2019-2020.

Les sujets les plus abordés par les lobbyistes au cours du dernier exercice sont la santé, l’environnement, le développement économique, le commerce international et l’industrie.

Les entreprises et les organisations ont approché les principales institutions fédérales afin de défendre une aide d’urgence pour faire face à la crise.

Ce sont les députés qui ont été les plus souvent sollicités par les lobbyistes. La Chambre des communes arrive d’ailleurs au premier rang des institutions fédérales à ce chapitre, devançant Innovation, Sciences et Développement économique Canada, le cabinet du premier ministre, le ministère des Finances, Affaires mondiales Canada et le ministère des Ressources naturelles.

Mme Bélanger, qui a déposé jeudi son rapport annuel au Parlement, a déclaré que les activités de lobbying avaient diminué en 2019-2020 à cause de la campagne électorale fédérale. Elles ont monté en flèche au cours des trois premiers mois de cette année.

« Les chiffres auraient été beaucoup plus faibles sans la pandémie, qui avait vraiment gonflé les chiffres au point où je pense que le mois de mars est le mois de mars le plus occupé depuis le début du registre du lobbying », a-t-elle déclaré.

Selon son bureau, le nombre de rencontres ou d’appels téléphoniques entre des fonctionnaires ou des élus et des consultants externes, des dirigeants d’entreprise ou des organisations s’est élevé à 5854 en février et en mars, un bond de 40 % par rapport à la même période l’an dernier.

La demande de Mme Bélanger pour une hausse de son budget n’est pas directement liée à l’augmentation du lobbying induite par la pandémie. Celle-ci avait été déposée avant même que la COVID-19 ne commence à semer la désolation à l’échelle planétaire.

Elle estime avoir besoin de 780 000 $ par an pour embaucher cinq employés supplémentaires, principalement des spécialistes des technologies de l’information.

Son budget actuel de 4,5 millions n’a pas bougé. Elle a ajouté que 75 % de ce montant servira à payer les salaires de ses 26 employés.

« Il ne me reste vraiment plus grand-chose pour le côté opérationnel », a souligné Mme Bélanger, notant que le coût lié à l’informatique n’avait pas diminué.

Le commissariat paie actuellement des consultants externes pour l’aider à suivre les avancées technologiques. Ils ont achevé une modernisation du registre au cours de l’année écoulée afin de le rendre plus convivial pour les lobbyistes et les journalistes qui rendent compte de leurs activités.

« Nous faisons le travail. Je m’inquiète, car les choses deviennent de plus en plus chères. Les gens en font plus avec moins de ressources. Quelqu’un devra payer, a dit Mme Bélanger. Je ne suis pas vraiment prête à abandonner une partie de mon important mandat. Je vais donc continuer à demander et j’espère que nos besoins seront reconnus. »