(Ottawa) Le gouvernement fédéral révèle que 16 503 personnes ont été interceptées l’an dernier en franchissant la frontière de façon irrégulière, la plupart du temps pour demander l’asile au Canada. Il s’agit d’une baisse de 15 % par rapport à 2018.

Près de 98 % de ces interceptions se sont produites au Québec. Mis à part ces 16 136 personnes interceptées au Québec en 2019, les autres l’ont été en Colombie-Britannique (182) et au Manitoba (180).

Ces chiffres sont donc en baisse constante par rapport à 2017 et 2018, où l’on avait enregistré respectivement 20 593 et 19 419 interceptions par la Gendarmerie royale du Canada (GRC) à la frontière avec les États-Unis.

Par contre, le nombre de personnes qui ont déposé une demande d’asile au Canada a augmenté dans l’ensemble en 2019. Les données du ministère de l’Immigration et de la Citoyenneté montrent que 63 830 demandes d’asile ont été déposées l’an dernier, comparativement à 55 040 en 2018.

Les demandes d’asile présentées au Canada augmentent depuis des années, suivant une tendance mondiale. Mais les passages irréguliers à la frontière sont spécifiquement liés à l’Entente sur les tiers pays sûrs, signée il y a 17 ans avec les États-Unis.

En vertu de cette entente, les demandeurs du statut de réfugié doivent présenter leur demande dans le premier pays qu’ils ont foulé. Un migrant qui arrive des États-Unis à un poste frontalier officiel canadien ne peut donc demander l’asile au Canada ; il sera immédiatement refoulé. Mais si le migrant franchit la frontière ailleurs que par un poste frontalier officiel — comme par le chemin Roxham, en Montérégie —, sa demande d’asile devra être examinée par le Canada.

Modifier l’entente

Les libéraux ont promis à plusieurs reprises de revoir cette entente, mais des notes d’information préparées pour le ministre de l’Immigration en décembre dernier indiquent qu’aucune négociation officielle avec les États-Unis n’était en cours. Ces notes d’information suggèrent que la détermination des libéraux a ses limites. « Comme le Canada ne peut modifier unilatéralement les termes de cette entente bilatérale, il serait inapproprié de spéculer sur la façon dont d’éventuels changements pourraient être mis en œuvre », lit-on dans la note préparée pour le ministre Marco Mendicino.

Un juge de la Cour fédérale doit par ailleurs décider si cette entente viole les droits des demandeurs d’asile, garantis par la Charte canadienne des droits et libertés. La Cour a tenu ses audiences à la fin de l’automne et doit rendre sa décision cette année.

La note d’information ministérielle indiquait que le volume global des demandes d’asile augmente en raison de la hausse du nombre de demandeurs en provenance de l’Inde, du Mexique et de l’Iran. L’augmentation des demandes de Mexicains serait liée à la décision du gouvernement libéral de lever l’obligation de visa pour les ressortissants de ce pays. L’augmentation des demandeurs iraniens serait quant à elle liée historiquement aux personnes qui cherchent à contourner de longs délais dans les demandes de résidence permanente.

Le budget fédéral de 2019 a alloué 1,18 milliard sur cinq ans, et 55 millions par la suite, pour accroître la capacité de traitement des dossiers des demandeurs d’asile.