Les poursuites civiles se multiplient contre un homme accusé d'avoir tué dix personnes et d'en avoir blessé seize autres lors d'une attaque au camion-bélier survenue à Toronto l'an dernier.

Les avocats impliqués dans les poursuites contre Alek Minassian croient que les dossiers, que la cour s'efforce de réunir dans une seule et même procédure, prendront des années avant d'en arriver à une résolution.

Selon la police, le 23 avril 2018, Alek Minassian conduisait une camionnette louée sur la rue Yonge, dans le nord de la ville, et avait franchi le trottoir afin de frapper délibérément des gens.

Alors que les procédures criminelles contre M. Minassian suivent leur cours tranquillement - dans le cadre de son procès qui doit commencer en février 2020, il est accusé de dix chefs de meurtre et de seize chefs de tentative de meurtre - l'accusé de 26 ans fait maintenant face à quatre poursuites civiles, et d'autres pourraient suivre.

Les poursuites, intentées par la famille d'une victime et trois personnes blessées dans l'attaque, réclament des millions de dollars à M. Minassian et à l'entreprise de location de véhicules Ryder. Elles allèguent que les blessures et les morts ont été causées par un geste intentionnel de l'accusé et par la négligence de l'entreprise.

Ces allégations n'ont pas été prouvées devant les tribunaux.

« Cela va traîner très longtemps », a prévenu Gus Triantafillopoulos, qui représente la famille d'Anne Marie D'Amico, une jeune femme décédée ce jour-là et dont la famille a déposé une poursuite d'un million en janvier contre M. Minassian et Ryder.

M. Triantafillopoulos affirme que si la famille réussit à obtenir de l'argent au terme des procédures, toutes les sommes seront remises à la Fondation Anne-Marie D'Amico, qui soutient les femmes victimes de violence.

De nombreuses blessures graves

La première poursuite avait été déposée en novembre 2018 par Amir Kiumarsi, un professeur de chimie à l'Université Ryerson, qui réclame 6 millions en dommages et intérêts.

Selon son dossier, il a souffert d'un traumatisme crânien, de plusieurs fractures du crâne et de fractures de la colonne vertébrale, ainsi que de lésions internes traumatiques - l'un de ses reins a été déplacé.

« Ces blessures ont été accompagnées de douleurs physiques sévères, de souffrances et d'une perte de jouissance de la vie », est-il écrit dans le document, soulignant que son avenir comporterait « de nombreuses évaluations chirurgicales et médicales, des traitements et des procédures ».

Depuis que M. Kiumarsi a déposé sa poursuite, le tribunal tente de regrouper tous les dossiers.

Une autre poursuite a été déposée en janvier par Amaresh Tesfamariam et sa famille, qui réclament 14 millions. Mme Tesfamariam a souffert d'une lésion de la moelle épinière, de plusieurs fractures de la colonne vertébrale, de fractures des côtes et d'un traumatisme crânien.

Elle ne peut bouger son corps en bas de son cou, ne peut respirer sans une machine, a complètement perdu son indépendance et doit composer avec une « perte profonde et permanente de ses capacités cognitives ».

La dernière poursuite a été intentée la semaine dernière par Catherine Riddell et sa famille, et allègue que les blessures « graves et permanentes » subies par la femme étaient le résultat de la négligence de M. Minassian et de l'entreprise de location.

Mme Riddell a perdu conscience, a subi une lésion cérébrale et s'est blessé à la tête, au cou, aux épaules, aux bras, au dos, et aux jambes, selon la poursuite de 3,55 millions. Elle s'est aussi fracturé la colonne vertébrale, les côtes, le bassin, l'omoplate et a subi des lésions internes - l'un de ses poumon s'est notamment effondré.

Alek Minassian n'a pas encore d'avocat pour les poursuites civiles et n'a pas encore répondu aux allégations, selon les documents. Son avocat criminel n'a pas répondu à un message de La Presse canadienne.