La décision souvent reportée et politiquement délicate sur un site d'entreposage souterrain de déchets nucléaires de plusieurs milliards de dollars proposé près du lac Huron semble maintenant devoir être assumée par le prochain gouvernement du Canada.

La ministre de l'Environnement, Catherine McKenna, a suspendu le processus en août 2017 - le plus récent report pour ce dépôt géologique en profondeur - afin de s'assurer de l'adhésion des peuples autochtones de la région. Cependant, les membres de la Nation Ojibway Saugeen ont clairement fait savoir qu'ils ne sont pas pressés de donner leur aval à Ontario Power Generation pour le projet.

Randall Kahgee, avocat et conseiller principal auprès des Premières Nations dans ce dossier, a indiqué en entrevue que les deux parties s'étaient engagées à prendre une décision, « idéalement cette année, mais qu'il restait beaucoup à faire pour que cela se produise ».

Lors des réunions de la communauté ces derniers mois, un « nucléaire 101 » a été présenté. Selon M. Kahgee, le résultat est que les gens ont commencé à poser des questions précises sur le projet auxquelles le service public ontarien devra répondre.

Environ deux dizaines de séances sont prévues dans les mois à venir pour permettre à Ontario Power Generation d'expliquer pourquoi, à son avis, l'entrepôt souterrain est la meilleure solution. M. Kahgee a indiqué qu'une « période de réflexion » suivrait les séances en vue d'une décision de la communauté, peut-être d'ici la fin de l'année.

Mme McKenna n'a fait aucun commentaire, mais l'Agence canadienne d'évaluation environnementale a déclaré qu'il était important qu'Ontario Power Generation ait la possibilité de nouer des relations avec les peuples autochtones.

« Toute décision qui sera prise sera basée sur la science et le savoir autochtone », a affirmé la porte-parole de l'agence, Lucille Jamault.

Le projet, dont le coût total est estimé à 2,4 milliards sur un cycle opérationnel de 50 ans, prévoit la construction d'une enceinte blindée à la centrale nucléaire Bruce, située près de Kincardine, en Ontario. Des centaines de milliers de mètres cubes de déchets faiblement et moyennement radioactifs - avec des matières demeurant toxiques pendant des siècles - seraient enfouis à 680 mètres de profondeur plutôt que d'être entreposés à la surface du sol, comme cela se produit maintenant.

Des politiciens et de nombreuses communautés du Canada et des États-Unis ont qualifié le projet de « catastrophe écologique » en devenir étant donné sa proximité avec le lac Huron. Le service public insiste sur le fait que la science montre qu'un dépôt dans une roche stable et imperméable serait parfaitement sûr pendant des siècles.

Un comité d'examen environnemental a donné son aval en mai 2015, mais le gouvernement conservateur de l'époque a repoussé l'approbation finale jusqu'après les dernières élections et le gouvernement libéral qui lui a succédé - qui a mis l'accent sur la réconciliation avec les peuples autochtones - a plusieurs fois retardé la prise de décision.