Des familles souhaitant bénéficier du programme de regroupement familial s'inquiètent du flou qui persiste en ce qui concerne les seuils d'accueil d'immigrants au Québec, craignant que l'arrivée de leurs proches ne soit retardée et qu'un inévitable arriéré des demandes ne se dessine à l'horizon.

« Si le gouvernement fédéral accepte la baisse de la cible d'accueil au Québec, les familles québécoises vont être pénalisées par rapport au reste du Canada », croit Stephan Reichhold, directeur de la Table de concertation des organismes au service de personnes réfugiées et immigrantes (TCRI).

La cible d'admission annuelle de la province serait réduite d'environ 20 % en 2019 si le gouvernement de François Legault obtient l'aval d'Ottawa en ce qui concerne son Plan d'immigration. Cela représente une baisse de quelque 2300 personnes acceptées pour le programme de réunification familiale.

Or, une dizaine de milliers de demandes de parrainage ont déjà été approuvées conformément à la cible d'accueil actuelle (la fourchette en vigueur en 2018 étant de 11 600 à 12 100 admissions) et autant de Québécois prévoient recevoir leurs proches cette année. 

Des personnes ayant déjà obtenu l'approbation de leur demande de réunification familiale pour 2019 pourraient donc voir leur arrivée dans la province repoussée à l'an prochain, explique M. Reichhold.

« Vers l'automne, on aura atteint le nouveau seuil déterminé par Québec. Est-ce que le fédéral va arrêter de donner des visas une fois le taux atteint ? », se demande-t-il.

« Il y a un flou et quand il y a un flou en immigration, les gens sont touchés directement, affirme-t-il. Ils attendent quelqu'un, ils stressent. Les familles sont inquiètes. »

Plus de demandes, moins d'entrées

Stephan Reichhold explique que « beaucoup de familles au Québec font des demandes de réunification familiale ». « Des Syriens, notamment », dont les proches cherchent refuge, dit-il. Et la réduction du nombre de nouveaux arrivants acceptés va entraîner un important arriéré dans les demandes, explique-t-il. 

Dès midi, aujourd'hui, les citoyens canadiens souhaitant présenter une demande de parrainage pour des parents ou des grands-parents pourront remplir et envoyer un formulaire signifiant leur intérêt. Selon la nouvelle formule « premier arrivé, premier servi » instituée par Ottawa cette année, le gouvernement acceptera ensuite les demandes complètes, jusqu'à ce que le plafond pour l'ensemble du pays soit atteint. 

Le seuil de demandes a été quadruplé au Canada cette année en ce qui concerne les réunifications familiales pour les parents et grands-parents, passant de 5000 à 20 000. 

Cette augmentation, alors que la cible d'accueil au Québec pourrait être diminuée, risque de creuser encore plus l'arriéré dans le traitement des demandes, qui ne cessera d'empirer au fil des ans, déplore M. Reichhold. 

Les gens dont la demande sera déposée cette année ne seront pas touchés dans l'immédiat, « mais si un arriéré se produit en 2019 pour le Québec, celles de 2020 seront reportées, et ainsi de suite ». « Il y aura un effet domino », prévoit Stephan Reichhold. 

« En termes de traitement équitable, ça ne marche plus du tout, observe-t-il. C'est inquiétant. » 

La semaine dernière, Québec et Ottawa affirmaient de nouveau qu'ils discutaient des taux d'accueil de la province. Le gouvernement fédéral dispose de tous les pouvoirs sur ce dossier, bien qu'il soit engagé à collaborer pour trouver un terrain d'entente avec la province.