(Montréal) Au moment où l’on commence à voir apparaître des coquelicots sur les manteaux et les vestons des Canadiens pour rendre hommage aux vétérans, la section québécoise de la Légion royale canadienne reconnaît qu’elle a de plus en plus de difficulté à recruter de nouveaux bénévoles parmi la relève.

C’est ce qu’a confié, en entrevue à La Presse canadienne, le président de la direction provinciale du Québec de la Légion royale canadienne, Kenneth Richard Ouellet, qui chapeaute les 104 filiales de la Légion au Québec.

« Comme tout organisme sans but lucratif, on ressent nous aussi que les bénévoles ne sont plus là comme dans les années passées, raconte-t-il. Nos bénévoles sont en majorité des personnes plus âgées et il nous manque des bénévoles non seulement pour la collecte de dons, mais aussi pour la préparation d’activités », affirme M. Ouellet, qui démontre toutefois de la gratitude face à toutes les marques de reconnaissance que reçoivent les vétérans à ce temps-ci de l’année.

Comme le veut la tradition, la campagne nationale du coquelicot s’est amorcée le dernier vendredi du mois d’octobre et se poursuivra jusqu’aux cérémonies du jour du Souvenir le 11 novembre.

L’an dernier, pas moins de 20 millions de coquelicots ont été distribués à travers le pays, ce qui avait permis d’amasser 16 millions en dons pour les divers services aux vétérans et à leur famille. De cette somme, 800 000 $ sont allés au Québec, selon M. Ouellet.

Il a donné quelques exemples concrets pour expliquer à quoi la distribution de coquelicots a servi, notamment dans la grande région de Montréal.

« La filiale de Côte Saint-Luc a donné 20 000 $ à la Mission Old Brewery qui s’occupe de loger les anciens combattants sans-abri à Montréal. La filiale de Pointe-Claire a donné 7000 $ à la Résidence de soins palliatifs de l’Ouest-de-l’Île, à Kirkland, où il y a plusieurs vétérans. On a aussi la filiale de Québec qui a donné 12 000 $ au projet les Eaux Curatives, un camp de pêche pour aider les vétérans qui ont subi un traumatisme lié au stress opérationnel. »

Kenneth Ouellet est lui-même un vétéran des Forces armées canadiennes. Il est entré dans la réserve en 1970 et a ensuite occupé différentes fonctions dans la Force armée régulière, étant notamment déployé en mission en Croatie, en Bosnie-Herzégovine et en Afghanistan.

Il dit constater que ce qui interpelle davantage les Canadiens dans leur mémoire collective varie en fonction de leur âge, mais il ne s’inquiète pas que les plus jeunes générations oublient tous les sacrifices liés aux grands combats de l’histoire. Les attentats terroristes du 11 septembre 2001 aux États-Unis ont selon lui démontré que le métier de soldat n’était pas qu’une chose du passé.

« On pourrait dire qu’il y a eu deux phases, dont celle où les vétérans étaient plus impliqués dans les missions de paix dans les années 1970, 1980 et au début des années 1990 », raconte M. Ouellet.

« C’est sûr qu’on avait beaucoup plus de vétérans de la Seconde Guerre mondiale et de la guerre de Corée et leurs familles qui étaient très impliquées dans la Légion. C’était un mouvement, mais avec la Bosnie et l’Afghanistan, on a eu au Québec une prise de conscience face à nos vétérans. Le monde était plus conscient du rôle du soldat canadien et les gens étaient plus enclins à les appuyer et ça continue aujourd’hui. »

D’ailleurs, le mois de mars dernier marquait le cinquième anniversaire de la fin de la mission canadienne en Afghanistan, où 151 soldats et sept civils ont perdu la vie au terme d’une implication militaire de 12 ans.

Au Québec, on recense environ 120 000 anciens combattants, ce qui comprend les militaires de la Force armée régulière et de la Première réserve.

Le port du coquelicot, symbole de commémoration, leur rend ainsi hommage pour tous les services rendus, parfois au péril de leur vie.

« Quand je me promène dans la rue avec mon habit de la Légion et mes médailles, je me fais arrêter dans la rue et les gens me remercient pour les services que j’ai rendus pour le Canada et sa population », affirme Kenneth Ouellet visiblement ému.

« Moi ça me réconforte, ça me fait du bien de voir qu’on est soutenus et notre famille aussi. »