(York Landing) Dans une Première Nation du nord-est du Manitoba, les portes sont verrouillées, les routes sont désertes et les résidents sont sur le qui-vive alors que de nombreux policiers sont déployés pour retrouver deux suspects recherchés pour des meurtres en Colombie-Britannique.

« La chasse à l’homme se déroule ici », a relaté Leroy Constant, le chef de la Première Nation de York Factory.

« Tant que ces suspects ne seront pas arrêtés ou que notre région ne sera plus considérée comme étant sûre, cette peur demeurera. »

PC

Leroy Constant

La Gendarmerie royale du Canada (GRC) s’est tournée vers la communauté de York Landing après que deux personnes correspondant à la description de Bryer Schmegelsky et Kam McLeod eurent été repérées près d’un dépotoir, dimanche.

Les jeunes hommes sont accusés de meurtre au deuxième degré en lien avec la mort de Leonard Dyck, professeur à l’Université de la Colombie-Britannique. Ils sont également les suspects du meurtre de l’Australien Lucas Fowler et de son amie de cœur américaine Chynna Deese.

Ce sont les membres d’un groupe de surveillance de quartier dirigé par des Autochtones qui ont transmis l’information à la police, mais ils ont déclaré que les deux hommes avaient pris la fuite dans les bois voisins lorsqu’ils ont été vus.

PC

Bryer Schmegelsky et Kam McLeod.

Malgré des efforts considérables, cette information n’avait toujours pas pu être confirmée lundi après-midi, a indiqué la GRC dans un micromessage. Mais les recherches se poursuivent.

Leroy Constant a indiqué qu’il y avait une trentaine d’agents de la GRC dans la communauté isolée de 500 habitants, accompagnés de chiens, d’équipes d’intervention d’urgence, d’hélicoptères et d’hommes armés dans des véhicules tout terrain.

Aperçus à deux endroits

La dernière observation confirmée des deux suspects a eu lieu il y a une semaine à Gillam, une autre communauté éloignée située au nord-est de York Landing.

Avant cela, ils avaient été vus à Split Lake, à environ 170 kilomètres à l’ouest de Gillam.

Nathan Neckoway, un conseiller de bande de la Nation crie de Tataskweyak, a affirmé que les deux hommes avaient mis de l’essence dans une station-service locale. Ils avaient également passé à travers un contrôle routier, mais les autorités de la communauté ne savaient pas à ce moment-là qu’ils étaient des suspects.

Ils avaient du matériel de camping et des cartes à l’arrière de leur véhicule, a indiqué M. Neckoway

« Cela fait peur d’entendre à quel point ces gars-là ont voyagé facilement dans l’ouest du Canada, et maintenant sur notre territoire », a-t-il souligné.

Un secteur isolé

M. Constant a indiqué qu’il serait surpris que les deux jeunes hommes se soient rendus à pied dans sa communauté, car le terrain nordique est semé d’embûches.

« Il faudrait parcourir plusieurs kilomètres pour atteindre quoi que ce soit », a-t-il déclaré.

« L’un des défis est (que le secteur) est très boisé et que nous sommes principalement entourés d’eau […] ils ne peuvent accéder qu’à un secteur limité. »

York Landing est uniquement accessible par avion ou par un traversier en été. Il y a aussi une ligne de chemin de fer qui passe à 25 kilomètres au sud de la communauté.

Une Toyota RAV4 dans laquelle les suspects voyageaient a été découverte incendiée près de Gillam, à environ 90 kilomètres de York Landing, la semaine dernière.

Une information crédible

La fin de semaine dernière, la police disait avoir reçu plus de 200 pistes au cours des cinq derniers jours, mais aucune n’a convaincu les enquêteurs que les jeunes hommes pourraient avoir quitté ce secteur.

La caporale de la GRC Julie Courchaine a déclaré lundi que l’information transmise par des membres de la communauté de York Landing était crédible, et c’est pourquoi les équipes de recherche se sont concentrées dans ce secteur. L’isolement, la distance, le terrain difficile et l’obscurité ont compliqué les démarches des enquêteurs, a-t-elle souligné.

Un avion CC-130H Hercules de l’Aviation royale canadienne équipé de matériel de détection thermique de haute technologie s’est joint aux recherches au cours du week-end. La police a également utilisé des drones et des chiens renifleurs pendant que les policiers faisaient du porte-à-porte et inspectaient chaque maison et chaque bâtiment.

Les résidents de York Landing ont été invités à rester vigilants, à demeurer à l’intérieur et à garder leurs portes et leurs fenêtres verrouillées, a indiqué la caporale Courchaine.

« Nous sommes conscients que la communauté de York Landing vit des moments difficiles », a-t-elle affirmé.