(Ottawa) Les libéraux ont discrètement mis fin à un programme de « triage » qui visait à éloigner les demandeurs d’asile des refuges surpeuplés de Montréal et de Toronto.

Le gouvernement fédéral a déclaré avoir besoin de la participation des provinces pour que ce programme soit pleinement mis en œuvre, ce qu’il n’a pas réussi à obtenir.

Seulement cinq familles ont pu être redirigées dans le cadre de ce programme, qui « triait » les migrants à leur arrivée afin de déterminer s’ils seraient disposés à s’installer dans des régions plus reculées dans l’attente du traitement de leur demande d’asile — qui peut prendre jusqu’à deux ans en raison de l’accumulation des dossiers.

Il s’agit d’une « démonstration réussie de la faisabilité » du programme, mais un soutien des provinces aurait été requis pour le maintenir en place ou l’élargir, a reconnu Marie-Emmanuelle Cadieux, porte-parole du ministre de la Sécurité frontalière, Bill Blair.

Le programme avait été annoncé l’année dernière après que le gouvernement du Québec et la ville de Toronto eurent exprimé leur inquiétude devant l’afflux de demandeurs d’asile inondant leurs logements temporaires.

Le gouvernement fédéral a d’abord essayé de travailler avec l’Ontario, car bon nombre de migrants entrés au Québec par le passage du chemin Roxham avaient exprimé leur volonté de s’y établir.

PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE

Le chemin Roxham à la frontière américaine

Le gouvernement de Doug Ford n’étant pas disposé à participer, Ottawa a dû se tourner vers les municipalités pour trouver des solutions de logement.

Un projet-pilote a finalement été lancé en septembre 2018 à Chatham-Kent, dans le sud-ouest de l’Ontario. Cinq familles arrivées au Québec, mais souhaitant s’installer en Ontario ont été conduites vers cette municipalité, à l’est de la frontière avec l’État américain du Michigan.

La porte-parole du ministre Blair fait état d’un « succès », malgré la portée limitée du programme.

Mais la priorité du ministère de l’Immigration dans l’immédiat est d’offrir un soutien financier aux provinces et aux municipalités qui ont dû couvrir les coûts associés à l’hébergement temporaire du nombre accru de demandeurs d’asile, a-t-elle fait valoir.

Un programme d’aide a été mis sur pied à cet effet en mars dernier.

Entre-temps, la pression diminue. Entre les mois de janvier et de mai derniers, 5410 migrants sont entrés au pays en dehors des points de contrôle officiels, où ils auraient été renvoyés aux États-Unis — une baisse de 45 % par rapport à la même période l’année dernière.