Le vice-amiral Mark Norman, déjà suspendu pendant les procédures criminelles qui le visent, sera officiellement remplacé jeudi dans ses fonctions de commandant en second des Forces armées canadiennes.

Ce remaniement dans l'état-major survient 18 mois après que M. Norman a été relevé temporairement de ses fonctions de vice-chef d'état-major de la défense, parce qu'il aurait divulgué des secrets du cabinet fédéral au chantier naval Davie, de Lévis. L'ancien commandant de la Marine royale canadienne fait face actuellement à une accusation d'abus de confiance.

Le chef d'état-major de la défense, le général Jonathan Vance, avait nommé depuis plusieurs autres officiers supérieurs pour remplacer le vice-amiral Norman pendant les procédures judiciaires; il a également assumé lui-même certaines de ses responsabilités. Mais le ministère de la Défense a confirmé mercredi que le général Vance avait choisi le commandant de la force terrestre, le lieutenant-général Paul Wynnyk, pour devenir le nouveau vice-chef d'état-major des Forces armées, à compter du 16 juillet.

Le porte-parole du ministère de la Défense, Daniel Le Bouthillier, explique que les Forces armées canadiennes ont besoin d'un vice-chef d'état-major à temps plein, alors qu'elles continuent de déployer leurs opérations et de mettre en oeuvre la politique de défense du Canada.

Les Forces armées canadiennes ont commencé cette semaine à déployer des troupes au Mali, dans le cadre de la mission de maintien de la paix des Nations unies.

Muté à d'autres fonctions

M. Norman sera muté à un poste excédentaire au bureau du chef d'état-major de la défense, où il continuera à servir comme membre des Forces pendant les procédures judiciaires, a ajouté M. Le Bouthillier.

Bien qu'on ne sache pas si M. Norman a accepté cette mutation, on croit qu'il a été informé du remaniement, puisque M. Vance et lui ont été en contact constant, par courriel et par téléphone, depuis janvier 2017.

En novembre 2015, le gouvernement libéral nouvellement élu décidait de reconsidérer un contrat de 700 millions $ que les conservateurs de Stephen Harper avaient octroyé au chantier naval Davie. Le contrat visait à convertir un navire civil, l'Astérix, en navire de ravitaillement temporaire de la Marine. Le nouveau navire devait être loué pour cinq ans, avec une autre option de cinq ans, jusqu'à ce que des navires permanents soient construits à Vancouver.

Alors que le plan de révision du contrat devait demeurer secret, les documents judiciaires publiés l'année dernière montrent que la Gendarmerie royale du Canada soupçonnait le vice-amiral Norman, grand patron de la Marine, d'être contrarié par cette décision - il craignait que les libéraux n'annulent le projet. D'après les documents judiciaires, il aurait alors collaboré avec Davie pour tenter de faire pression sur le gouvernement afin qu'il reste fidèle au projet.

M. Norman a été officiellement accusé le 9 mars. Aucune des allégations n'a encore été étudiée par un tribunal, et M. Norman clame son innocence. S'il est reconnu coupable, il risque une peine maximale de cinq ans de prison.

Les libéraux ont finalement décidé de poursuivre le projet et l'Astérix est aujourd'hui utilisé par la Marine.