Beaucoup a été écrit sur la fermeture relative des Québécois, mais quelle est l'attitude des Canadiens face à l'immigration et aux réfugiés ? Et comment les Canadiens se comparent-ils aux nationaux d'autres pays ? Coup d'oeil sur un sondage réalisé cet été par Ipsos obtenu par La Presse.

ÉCONOMIE ET SERVICES PUBLICS

Sur les « immigrants », les Canadiens ont des sentiments partagés. Au total, 38 % des personnes sondées croient que leur apport est positif, 30 % pensent l'inverse. Sur leur apport d'un point de vue économique et culturel, les réserves sont un peu moindres : 43 % pensent que l'arrivée des « immigrants » sert bien l'économie et 48 % estiment que ces nouveaux venus rendent le pays « plus intéressant ». Par ailleurs, quatre répondants canadiens sur dix disent que l'immigration « transforme le pays d'une façon qui ne [leur] plaît pas » et la moitié des personnes interviewées aux quatre coins du Canada estiment que cela met de la pression sur nos services publics.

EN QUÊTE DE PROTECTION OU D'OPPORTUNITÉS ÉCONOMIQUES ?

Pas moins de 41 % des Canadiens considèrent que la plupart des réfugiés qui arrivent à nos frontières n'en sont pas vraiment « et qu'ils viennent surtout ici pour des raisons économiques ». Une courte majorité des personnes sondées (52 %) pense que parmi les réfugiés « se trouvent des terroristes qui prétendent être des réfugiés pour pouvoir entrer au pays et y amener la violence et la destruction ». Les réfugiés finissent-ils par s'intégrer ? Oui, croient 54 % des répondants canadiens.

LES QUÉBÉCOIS MOINS OUVERTS

Selon ce sondage Ipsos, 35 % des Canadiens pensent qu'il y a trop d'« immigrants » au pays. À la fin de 2016, selon un sondage CROP, 46 % des Québécois pensaient de même et croyaient que « cela menace la pureté du Québec ». « De façon générale, de sondage en sondage, on constate que les Québécois sont de 6 à 12 points moins ouverts que les autres Canadiens », note Sébastien Dallaire, vice-président d'Ipsos.

Ce sondage Ipsos tend à le démontrer aussi : 49 % des Québécois disent que l'immigration transforme le Canada d'une façon qui leur déplaît (comparativement à 37 % dans le reste du Canada) ; 43 % des répondants estiment qu'il y a « trop d'immigrants », alors que cette proportion est de 32 % dans le reste du Canada. À noter cependant que ce sous-ensemble québécois étant nettement plus petit, la précision de ces données statistiques est moindre et que ces chiffres ne servent qu'à illustrer des tendances générales*.

LES CANADIENS PARMI LES PLUS OUVERTS

Alors que les Canadiens ne sont pas particulièrement ouverts, ils le sont tout de même beaucoup plus que les gens des autres pays. À la question : « Diriez-vous que l'immigration a un impact positif ou négatif sur votre pays ? », seuls trois pays se montrent plus positifs que les Canadiens. Il s'agit d'un étonnant palmarès : les Saoudiens sont les plus positifs face à l'immigration, suivis des Indiens et des Britanniques. Mais le tableau le plus intéressant, c'est ce tableau croisé d'Ipsos qui souligne que « les pays qui reçoivent une plus grande proportion d'immigrants ont tendance à avoir une meilleure opinion d'eux ».

FERMETURE DES FRONTIÈRES

De tous les répondants sondés aux quatre coins du monde, les Canadiens comptent parmi ceux qui ont le moins tendance à penser qu'il faut totalement fermer les frontières aux réfugiés. À cette question, seuls les répondants japonais, mexicains et péruviens se montrent plus ouverts que les Canadiens, tandis que les Turcs, les Hongrois, les Indiens et les Italiens se montrent les plus favorables à une fermeture des frontières.

DES RÉALITÉS NATIONALES PARTICULIÈRES

À propos de certains tableaux qui peuvent paraître surprenants, Sébastien Dallaire, vice-président d'Ipsos, relève que les réponses des gens sondés sont évidemment teintées de leur réalité nationale. Ainsi, les Turcs, qui semblent particulièrement fermés, ont vu affluer chez eux des millions de Syriens ces dernières années. À l'inverse, les Saoudiens comptent beaucoup sur la main-d'oeuvre étrangère. « Il est certains que certains pays se comparent mieux entre eux - le Canada avec ceux de l'Europe de l'Ouest, par exemple », note M. Dallaire.

MÉTHODOLOGIE

Au total, 17 903 entrevues ont été réalisées sur le panel internet d'Ipsos entre le 24 juin et le 8 juillet auprès de résidants de 25 pays. Au Canada, il y a eu 1004 répondants avec un « intervalle de crédibilité » de plus ou moins 3,5 %. Dans d'autres pays, comme aux États-Unis, notamment, le nombre de répondants et l'intervalle de crédibilité sont semblables, mais dans certains pays, Ipsos n'a pu joindre que 500 répondants, avec un indice de crédibilité dans ces cas-là de plus ou moins 5 %.

* L'intervalle de crédibilité est de plus ou moins 6,6 % pour les données québécoises prises isolément.