La Gendarmerie royale du Canada (GRC) détenait suffisamment de preuves pour déposer des accusations criminelles contre Nigel Wright, l'ancien chef de cabinet de Stephen Harper, pour son rôle dans le scandale des dépenses du sénateur Mike Duffy, a rapporté samedi The Globe and Mail, d'après des documents obtenus par la Loi d'accès à l'information.

Or, la GRC aurait décidé de ne pas accuser Nigel Wright pour lui permettre de témoigner contre Mike Duffy pendant le procès criminel fort médiatisé de ce dernier, révèle un rapport de 2014 obtenu par The Globe and Mail intitulé «Enquête sur le don de 90 000 $ de Nigel Wright à Mike Duffy». Les enquêteurs estimaient ainsi qu'il était davantage dans l'intérêt public de poursuivre un sénateur qu'un non-élu du bureau du premier ministre. 

Le bras de droit de l'ex-premier ministre conservateur avait été sous la sellette en 2013 en donnant secrètement et à titre personnel 90 000 $ au sénateur conservateur Mike Duffy afin que ce dernier puisse rembourser des indemnités de logement réclamées indument au Sénat. En avril dernier, Mike Duffy a été déclaré non coupable de toutes les accusations criminelles qui pesaient contre lui. Nigel Wright avait témoigné au procès, mais n'avait été accusé d'aucun crime. 

«Alors que suffisamment de preuves existent pour justifier de déposer des accusations contre M. Wright, la perspective d'obtenir sa condamnation relativement à ces crimes pourrait être limitée en raison des exigences légales», a écrit dans ce rapport l'ancien superintendant de la GRC Biage Carrese, selon le quotidien canadien. 

Un autre enquêteur, le sergent Greg Horton de la GRC, écrit dans ce rapport que les «accusations contre M. Wright pourraient par inadvertance affaiblir le dossier contre le sénateur Duffy, lequel est le point central de cette enquête».