Un groupe de défense des droits des femmes vient de déposer une plainte à la Commission des droits de la personne contre le nouveau système de placement de main-d'oeuvre de la Commission de la construction.

Dans sa plainte, Action travail des femmes allègue que le système de Carnet référence construction encourage la discrimination systémique basée sur le sexe.

Ce système de référence de main-d'oeuvre avait été instauré en septembre 2013 par la Commission de la construction, après que le gouvernement du Québec eut mis fin au placement syndical dans la construction.

Cette plateforme web réunit les employeurs, qui y déclarent leurs besoins en main-d'oeuvre, les ouvriers, qui peuvent y expliquer leurs compétences, et les titulaires de permis (des associations syndicales), qui peuvent proposer de recommander des candidats.

Or, selon Action travail des femmes, les modalités du nouveau Carnet de référence entravent la possibilité des femmes de rester dans l'industrie.

Au cours d'une entrevue vendredi, Katia Atif, coordonnatrice de l'organisme, a affirmé qu'il est impossible, pour une travailleuse, de contacter un employeur pour savoir pourquoi il ne l'a même pas appelée, par exemple.

«Un des éléments qui nous paraît patent, c'est «l'anonymisation' des employeurs. Il n'y a aucune raison, aucune justification que le carnet de référence ne puisse pas rendre accessible la liste des employeurs à toute travailleuse qui a été recommandée. Est-ce que ce serait normal de se retrouver dans un système où on vous annonce que vous avez été recommandée à des employeurs, sans que vous puissiez savoir quels sont les employeurs qui ont pu recevoir votre candidature?» s'est insurgée Mme Atif.

«Il y a quelque chose-là qui est problématique, dans la mesure où, du coup, tout employeur peut décider de mettre de côté une candidature féminine, sachant très bien que c'est anonyme», a poursuivi Mme Atif.

Selon le dernier rapport de la CCQ pour l'année 2015, dévoilé en juin dernier, le carnet de référence a pourtant été la source de 10% des embauches de femmes dans la construction, par rapport à 5% pour l'embauche des hommes.

La CCQ souligne que 73% des femmes travaillent dans un des cinq métiers ou occupations qui sont les plus en demande selon le Carnet de référence.

Réaction de la CCQ

De son côté, la Commission de la construction s'est dite «étonnée» de la plainte déposée à la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse par Action travail des femmes.

«Contrairement aux affirmations d'ATF, le système de référence de l'industrie favorise les candidatures de femmes. En effet, toutes les femmes qui correspondent aux critères de base de la demande de référence d'un employeur (métier, région) lui sont automatiquement transmises. Les femmes sont donc favorisées dans le système, puisqu'elles sont plus visibles que les candidats masculins», a fait valoir la CCQ, par voie de communiqué.

La CCQ admet cependant qu» «il reste beaucoup de travail à faire, notamment par les employeurs, les associations patronales et les associations syndicales, pour que les femmes soient davantage représentées sur les chantiers du Québec».

«Le Carnet référence construction ne pourra jamais être la solution unique pour opérer ce changement de culture. L'industrie s'est d'ailleurs dotée d'un Programme d'accès à l'égalité des femmes qui vise à augmenter à 3% la proportion des femmes dans la construction. Pour y arriver, la CCQ est persuadée qu'il faut déployer un ensemble de mesures qui permettent de former davantage de femmes, de faciliter leur accès à un premier emploi et de mettre en place les conditions pour s'assurer qu'elles demeurent dans l'industrie», a conclu la CCQ.