Des investissements de 9 milliards, échelonnés sur 10 ans, dans les réseaux de transports en commun de la province permettraient de créer jusqu'à 4000 emplois manufacturiers par année et de réduire de 8,5% les émissions de gaz à effet de serre au Québec, selon l'Institut de recherche et d'informations socioéconomiques (IRIS).

Dans une note économique rendue publique hier, le chercheur Bertrand Schepper propose de «faire du transport en commun une véritable politique industrielle», en misant sur un secteur d'activités qui compte près de 750 entreprises et qui emploie plus de 52 000 personnes dans toutes les régions de la province.

Ces propositions de l'IRIS arrivent une semaine seulement après qu'une coalition de gens d'affaires, d'industriels et d'environnementalistes eut invité Québec à «transformer de fond en comble» le secteur des transports, qui est responsable de près de 45% des émissions québécoises de gaz à effet de serre (GES), responsable des changements climatiques.

Elle est aussi rendue publique quelques jours après que le premier ministre Philippe Couillard a nommé à la direction des transports un nouveau ministre à vocation plus économique, Jacques Daoust, en lui confiant le mandat de mener à bien l'électrification des transports et le développement d'une filière industrielle du véhicule électrique.

Tout en rappelant que Québec s'est engagé à réduire ses émissions de GES de 37,5%, d'ici 2030, le chercheur de l'IRIS remet en question la pertinence d'un «soutien à l'industrie de la voiture électrique comme stratégie de sortie de crise environnementale».

Il estime ainsi que le plan québécois d'électrification des transports, rendu public à l'automne par le gouvernement Couillard, est un «élément somme toute marginal», malgré son budget de 420 millions pour cinq ans (ou 84 millions par année). En comparaison, le plan québécois des infrastructures prévoit des investissements de 20 milliards sur 10 ans (ou 2 milliards par année) sur les routes et les ponts du Québec.

«Comme le Québec possède une industrie florissante de transport en commun et que les autobus consomment moins d'énergie par utilisateur que la voiture, soutient M. Schepper, les effets économiques d'un virage vers le transport collectif seraient bien plus importants que le choix de s'en tenir à une électrification des automobiles.»

Selon l'IRIS, les investissements dans le développement de nouveaux services de bus, de métro ou de trains de banlieue produisent plus de retombées pour l'économie québécoise que les dépenses liées à l'automobile et créent davantage d'emplois que les investissements dans la construction routière.

Ainsi, chaque dollar investi dans l'industrie des transports en commun ferait grimper le produit intérieur brut du Québec de 2,47$. En comparaison, les dépenses liées à l'industrie automobile, qui est beaucoup moins présente dans la province, engendrent des retombées de 48 cents par dollar investi.

Des investissements de 9 milliards dans les transports collectifs, étalés sur 10 ans, produiraient par ailleurs 4000 emplois par année dans le secteur manufacturier au Québec, selon les données de l'IRIS. En comparaison, des investissements du même montant dans la construction routière permettraient de créer 1700 emplois annuels.