Quel pays a fourni le plus d'immigrants au Québec en 2014, dernière année complète pour laquelle on a la statistique? La France? La Chine? Le Maroc? Haïti? Vous avez tout faux.

La bonne réponse est l'Iran, révèle le plus récent bilan démographique du Québec. Un résultat étonnant puisque ce pays n'apparaît habituellement pas au sommet de ceux de provenance des nouveaux arrivants.

Hormis le cas de la Chine, les immigrants qui entrent au Québec proviennent habituellement de pays francophones, latins à la limite. Or, même si le français a eu un certain rayonnement en Iran, notamment à l'époque du shah, chassé du pouvoir au moment de la révolution islamique de 1979, la place du français au sein des élites s'est amenuisée depuis.

Cette donnée a pris de court les experts en immigration du Centre Urbanisation Culture Société de l'Institut national de la recherche scientifique (INRS) et de l'Institut de la statistique du Québec (ISQ).

«J'ai été surprise, reconnaît Chantal Girard, démographe de l'ISQ. On a fait des vérifications auprès de l'Immigration et il y aurait comme un effet de concentration», dit-elle, en nous invitant à communiquer directement avec Immigration Québec pour les détails.

Changements à Ottawa

Il semble que les Iraniens qui se font refuser l'entrée au Canada aient décidé de passer par le Québec, quitte à déménager au Canada anglais par la suite.

«Cette variation pourrait être due à des changements apportés par le gouvernement fédéral en 2009», explique Karine Baribeau, porte-parole du ministère de l'Immigration. En effet, c'est à ce moment-là que le Ministère a modifié les domaines de formation recherchés, ce qui a causé le refus de nombreux candidats iraniens, qui n'avaient plus les diplômes privilégiés par le gouvernement fédéral. À ce moment, de nombreux candidats iraniens se seraient tournés vers le Québec et auraient présenté une demande.

«Nous avons donc reçu un nombre élevé de demandes de candidats iraniens de 2009 à 2013. En 2014, on a remarqué que le nombre de demandes reçues revenait tranquillement à la normale. Comme il s'écoule un certain délai entre la sélection par le Québec et l'admission, ça concorderait avec les fluctuations remarquées dans les admissions.»

Près de 6000 Iraniens sont entrés au Québec en 2014, comparativement à environ 3500 Français et 3500 Algériens. Après neuf mois en 2015, le Québec avait accueilli 3084 Iraniens, au deuxième rang des pays de provenance derrière la France.

Un passage de quelques années

Historiquement, un Iranien sur deux quitte la Belle province pour s'établir ailleurs au pays dans les années qui suivent son arrivée, selon une étude du ministère de l'Immigration. Un taux semblable à celui des Chinois et des Indiens. À titre comparatif, le taux de rétention des Haïtiens au Québec est de 93,4 %, celui des Algériens de 86,3 % et celui des Marocains de 82,6%. Quant aux Français qui immigrent, ils restent présents au Québec dans une proportion de 76,3%.

Pour la période 2010-2014, c'est de la Chine qu'est venu le plus fort contingent d'immigrants en terre québécoise avec 22 350 personnes. Suivent la France, l'Algérie et Haïti, avec 20 000 personnes chacun. Notons la présence de la Moldavie, au 13e rang, avec plus de 5000 immigrants au cours de la période. Voisine de la Roumanie, la Moldavie, ancienne république soviétique de 3,5 millions d'habitants, a obtenu son indépendance en 1991.

Le portrait diffère au Canada, où les trois principaux pays de naissance des immigrants sont les Philippines, l'Inde et la Chine.