Jean-Martin Aussant a reçu «quelques appels» de partis politiques depuis son retour au Québec, mais à chaque fois, l'ex-député péquiste et chef d'Option nationale a décliné les offres, préférant laisser sa marque dans la société civile.

Confirmé à la tête du Chantier sur l'économie sociale, un organisme de réflexion indépendant du gouvernement, M. Aussant, qui a quitté son poste dans les hautes sphères du secteur financier londonien, a balayé du revers de la main les rumeurs évoquant un retour dans l'arène politique à temps pour le scrutin provincial de 2018.

«J'ai choisi la société civile, a-t-il martelé, jeudi, en conférence de presse. J'ai de jeunes enfants et ça ne cadre pas avec une carrière politique. Il y a eu certains articles qui ne me semblaient pas très fondés affirmant que mon mandat était de trois ans. Ce n'est pas dans les cartes.»

Depuis son intervention remarquée en juin dernier lors des funérailles de l'ex-premier ministre péquiste Jacques Parizeau, où il avait plaidé pour la «fin des exils», de nombreux observateurs s'attendaient à ce que M. Aussant effectue un retour en politique active.

Le chef du Parti québécois, Pierre Karl Péladeau, avait même affirmé que l'ancien député serait «certainement» un atout pour la formation souverainiste.

«C'est gentil d'avoir pensé à moi», s'est contenté de répondre le nouveau directeur général du Chantier, lorsque questionné sur les commentaires de M. Péladeau.

M. Aussant avait annoncé son départ du caucus péquiste le 7 juin 2011 en raison de divergences sur la stratégie de l'aile parlementaire, divisée sur l'adoption d'un projet de loi qui devait protéger des poursuites un contrat du conglomérat Québecor pour l'amphithéâtre de Québec.

Toujours intéressé par l'actualité politique, M. Aussant a dit avoir arrêté son choix sur le Chantier pour tenter notamment de freiner la désolidarisation, un phénomène mondial auquel le Québec n'a pas échappé, à son avis.

Concédant que «certaines choses» s'étaient accélérées depuis l'élection des libéraux de Philippe Couillard, en avril 2014, M. Aussant a expliqué qu'il ne s'agissait pas d'une critique directe à l'endroit du gouvernement en place.

«Ça date depuis un certain temps de donner une plus grande place au privé, a-t-il dit. On n'est pas en opposition avec le privé. Il y a trois piliers (privé, gouvernement, collectif) dans la société. Il ne faut pas qu'un pilier prenne la place des autres.»

Indépendantiste avoué, M. Aussant ne croit pas que ses «points de vue personnels» vont se refléter sur la relation entre le Chantier et Québec, et ce, même si M. Couillard a récemment déclaré qu'il ne laisserait «pas un pouce aux souverainistes». Selon lui, le rôle de l'organisme sans but lucratif n'a «rien à voir» avec la politique partisane.

Au cours des prochaines semaines, le directeur général du Chantier compte entreprendre une tournée de la province en plus de profiter de la campagne électorale pour interpeller les différents partis fédéraux.

Jusqu'ici, «plusieurs choses» sont passées avant l'économie sociale - qui compte plus de 7000 entreprises et 150 000 travailleurs au Québec - et d'autres dossiers importants, a déploré M. Aussant.

«Vous savez comme moi que les campagnes électorales ne sont pas toujours basées sur les dossiers qui touchent le plus la population, a-t-il analysé. Souvent, la partisanerie prend le dessus.»

M. Aussant a été nommé directeur général du Chantier après que le conseil d'administration eut procédé à un appel de candidatures en plus de solliciter directement certains candidats. Il prend la relève de Nancy Neamtam, qui tenait les rênes de l'organisme à but non lucratif depuis près de deux décennies.

Le Chantier sur l'économie sociale avait pris la place du Groupe de travail sur l'économie sociale, une initiative ayant précédé le Sommet sur l'économie et l'emploi, convoqué en 1996 par le premier ministre péquiste de l'époque, Lucien Bouchard.