Les policiers souhaitent avoir l'aide de la population pour détecter les individus qui se radicalisent, ont déclaré lundi des représentants de l'Association canadienne des chefs de police (ACCP).

Le président de l'ACCP, Clive Weighill, a affirmé que les membres du regroupement, réunis en congrès à Québec jusqu'à mercredi, discuteront des moyens de lutter contre la radicalisation.

M. Weighill, directeur du service de police de Saskatoon, a expliqué que l'objectif principal de la rencontre est de lancer un message à la population concernant la prévention de la radicalisation et des extrémismes de toutes sortes, notamment religieux.

«Nous voulons dire à la population que c'est une question pour laquelle nous avons besoin de leur aide, a-t-il dit lors d'une conférence de presse. Ce n'est pas seulement une question pour les forces de l'ordre. Il faut faire en sorte que les gens se sentent confortables pour éviter un sentiment d'impuissance.»

Les policiers croient qu'il faut entre autres travailler avec le réseau de l'éducation afin de faciliter les communications concernant des jeunes qui pourraient être tentés de frayer avec des mouvements radicaux.

Le vice-président de l'ACCP, Mario Harel, a estimé que les policiers doivent également se rapprocher des communautés religieuses afin de prévenir les dérives.

Lors de la conférence de presse avec M. Weighill, M. Harel, directeur du service de police de Gatineau, a expliqué qu'il fallait recentrer les interventions de police communautaire.

«Ce n'est pas un problème de la police, la radicalisation, c'est un problème de la communauté, et il faut que les policiers, les services de police assument un leadership pour engager la communauté au niveau des différents partenaires, nos imams, nos écoles et même les systèmes de justice, a-t-il dit. En assumant ce leadership, il ne faut pas s'approprier la problématique, mais devenir un partenaire important. Il faut mobiliser la communauté, travailler en prévention et donner des alternatives aux personnes intéressées à se joindre à des idéologies extrémistes.»

Le directeur du service de police de la Ville de Québec, Michel Desgagnés, hôte du congrès de l'ACCP, a affirmé que le choix du thème de la radicalisation avait été fait il y a deux ans, avant deux attentats, au Québec et en Ontario, commis l'an dernier par deux citoyens canadiens radicalisés.

En octobre, Martin Couture-Rouleau, qui s'était converti à l'islam, a tué un militaire à Saint-Jean-sur-Richelieu, tandis que quelques jours plus tard, Michael Zehaf-Bibeau a invoqué le djihad lorsqu'il a tué un soldat devant le parlement d'Ottawa.

Lundi, M. Desgagnés a expliqué les proches des personnes qui se radicalisent sont les mieux placées pour observer les changements dans leur comportement.

«On n'est pas partout en même temps, que ce soit pour nous rapporter des crimes de toutes sortes, ou pour nous rapporter des changements de comportements de certains voisins ou de certains amis. C'est pour ça qu'on a besoin de la communauté, qu'on a besoin des citoyens», a-t-il dit durant la conférence de presse.

M. Desgagnés a affirmé que les citoyens peuvent être attentifs à divers signes susceptibles de se manifester quand une personne se radicalise.

«Changement de comportement physique, les gens qui s'isolent, qui vont s'écarter de leur groupe d'amis, des habitudes familiales qu'ils ont, des visites habituelles dans la parenté qui arrêtent tout à coup, a-t-il dit. C'est des exemples banals, mais il faut être à l'affût.»

M. Desgagnés s'est fait rassurant envers les proches qui pourraient signaler aux policiers des comportements inquiétants.

«Ça ne veut pas dire que nécessairement ça va finir par des accusations criminelles, mais on a des organismes, des gens qui peuvent aider les policiers, mais surtout les familles, à travailler en prévention pour éviter justement que ça aille jusqu'à l'acte», a-t-il dit.

Au-delà du thème de la radicalisation, les membres de l'ACCP discuteront aussi de la place des caméras dans les interventions policières, de la lutte au crime organisé et au crime sur Internet, ainsi que des femmes autochtones portées disparues ou assassinées, a indiqué M. Weighill.