Un comité sénatorial se désole de l'état du bilinguisme au Canada.

Dans un rapport déposé mardi, le Comité sénatorial des langues officielles déplore la baisse de la proportion de jeunes Canadiens en mesure de soutenir une conversation en français et en anglais.

Le rapport souligne qu'en 20 ans, la proportion de jeunes des écoles publiques anglaises exposés aux programmes de français de base a dégringolé. Elle est passée de 53% en 1991 à 44% en 2011.

«Cette question doit être prise très au sérieux. Le maintien du statu quo n'est plus une option. Nous croyons qu'il y a lieu de fixer des objectifs clairs et ambitieux pour l'avenir du bilinguisme», écrit la présidente du comité, la sénatrice libérale Claudette Tardif, dans un communiqué accompagnant la publication du rapport.

Invitée à identifier les sources du problème lors d'une conférence de presse, la sénatrice conservatrice Suzanne Fortin-Duplessis, vice-présidente de ce comité, n'a pas hésité: «le manque de professeurs qualifiés».

«Nous recommandons qu'il y ait des échanges entre des professeurs qui viendraient de l'Ouest pour aller enseigner l'anglais dans la province de Québec et vice versa des enseignants du Québec (qui iraient) enseigner dans les autres provinces», a expliqué Mme Fortin-Duplessis.

La sénatrice donne l'exemple de Terre-Neuve-et-Labrador, où les élèves doivent se tourner vers Internet pour apprendre le français. Elle dénonce également les conditions de travail des enseignants du français, langue seconde, au Nouveau-Brunswick, ainsi que le manque de classes de français en Colombie-Britannique.

«Les gens (de Colombie-Britannique) sont obligés d'aller faire la queue la nuit pour pouvoir inscrire leurs enfants dans des écoles où ils sont capables d'avoir des cours de français, ça décourage pas mal», a illustré Mme Fortin-Duplessis.

Les sénateurs font 10 recommandations avec lesquelles ils interpellent le ministère du Patrimoine canadien.

Ils l'enjoignent ainsi, entre autres, à assurer un accès aux programmes de langue seconde dans l'ensemble du Canada. Ils lui réclament une campagne nationale de sensibilisation pour valoriser l'apprentissage des deux langues officielles. Ils voudraient également qu'il augmente son appui aux échanges linguistiques pour les élèves et pour les enseignants.