Dans un nouveau rapport publié hier, Statistique Canada révèle que les crimes haineux déclarés par la police ont été moins nombreux en 2013 qu'en 2012, au Canada. Ces crimes étaient principalement motivés par la haine d'un groupe racial, d'une religion ou d'une orientation sexuelle. Voici les faits saillants qui se dégagent du rapport.

En 2013, 1167 crimes haineux ont été déclarés par les services de police canadiens. C'est 247 crimes de moins qu'en 2012, pour une baisse de 17%. Les crimes sans violence ont connu une chute marquée de 30%. Au total, le Canada comptait 3,3 crimes haineux pour 100 000 habitants. C'est «une très faible proportion des plus de 1,8 million d'affaires criminelles déclarées par la police en 2013», écrit l'auteure, Mary Allen.

Les Noirs ciblés

Un crime sur deux (51%) était motivé par la haine envers un groupe racial ou une origine ethnique en 2013. «Les Noirs sont demeurés le groupe le plus visé à cet égard, ayant fait l'objet de 44% des crimes motivés par la haine d'une race ou d'une origine ethnique», indique l'auteure. 

Néanmoins, les crimes contre les Noirs, les Arabes et les Asiatiques occidentaux étaient en baisse. À l'inverse, les crimes envers les Asiatiques de l'Est et les Blancs accusaient une légère hausse.

Plus d'un crime haineux sur quatre (28%) ciblait un groupe religieux en 2013. «Les crimes motivés par la haine des juifs étaient les plus souvent déclarés et représentaient 56% des crimes haineux motivés par la religion en 2013», écrit Mme Allen. La grande majorité des crimes commis envers les juifs étaient non violents (84%). Dans l'ensemble, les crimes motivés par la haine de la religion étaient en baisse par rapport à 2012, à l'exception des crimes commis contre les musulmans.

Orientation sexuelle: des crimes violents

Jusqu'à 40% des crimes haineux signalés à la police étaient marqués par la violence, proportion qui grimpe à 66% dans les crimes motivés par la haine d'une orientation sexuelle. Jusqu'à 44% des victimes ont signalé des blessures mineures. L'infraction la plus courante parmi l'ensemble des crimes haineux? Les voies de fait à 21%, suivies des menaces à 11%.

Par ailleurs, de 2012 à 2013, le nombre de jeunes auteurs présumés de crimes haineux a reculé de 37%. En 2013, les jeunes âgés de 12 à 17 ans comptaient pour le quart des auteurs présumés de crimes haineux. Cette baisse s'explique par la diminution d'auteurs de méfaits (-73%). Cette tendance positive est noircie par une hausse de 8% de jeunes présumés criminels violents (l'infraction la plus courante chez eux était les voies de fait).

Dans les grandes villes

Sans surprise, la grande majorité des crimes haineux (87%) ont été commis dans les grandes villes. Avec 20,9 crimes pour 100 000 habitants, la ville de Thunder Bay arrive en tête de ce palmarès, devant Hamilton et Moncton. Selon l'auteure, il ne faut pas tirer de conclusions trop rapidement. 

«La déclaration des crimes haineux peut [...] être influencée par l'existence d'une brigade spéciale de lutte contre les crimes haineux ou d'un programme de formation au sein d'un service de police, ainsi que de programmes de sensibilisation communautaire et de campagnes de sensibilisation publique.»

Du point de vue géographique, c'est en Ontario que l'on déclarait le plus (51%) de crimes haineux en 2013. Néanmoins, c'est en Ontario, en Colombie-Britannique et en Nouvelle-Écosse qu'on signalait les baisses les plus marquées. 

«[...] le nombre de crimes haineux déclarés par la police et ciblant les Arabes et les Asiatiques occidentaux de même que les Asiatiques du Sud a diminué partout au pays, sauf au Québec. Dans cette province, on observe une augmentation des crimes haineux contre les musulmans ainsi que les Arabes et les Asiatiques occidentaux.»

Un rapport contesté

Les données révélées dans le présent rapport donnent une image faussée du phénomène des crimes haineux, croit Marc Ouimet, professeur à l'École de criminologie de l'Université de Montréal. 

«La haine envers des groupes est une motivation importante pour une série de crimes, mais ça reste extrêmement difficile à mesurer. Les résultats du présent rapport sont donc peu représentatifs et donnent l'impression qu'il ne s'agit pas d'un problème. On ne peut même pas dégager de tendance, les chiffres sont trop petits.»