Pour bien des détenteurs d'édifices locatifs, le 1er juillet n'a rien d'une sinécure. Pendant cette journée au cours de laquelle les déménagements sont traditionnellement très nombreux, il est désormais devenu monnaie courante pour eux de retrouver des appartements nouvellement vacants dans un état lamentable ou encore de constater que les locataires sortants y ont dérobé des appareils électroménagers mis temporairement à leur disposition.

Selon le président de l'Association des propriétaires du Québec (APQ), Martin Messier, dans de pareilles circonstances, il est parfois possible d'obtenir un dédommagement en poursuivant les fautifs.

Il ajoute que si certains se montrent particulièrement pressés de déménager pour des raisons peu louables, il arrive aussi trop souvent qu'un occupant tenace refuse de lever le camp et ce, même s'il n'a pas manifesté le désir de renouveler son bail.

Il devient alors primordial de trouver un plan B pour accommoder temporairement celui qui aurait normalement dû prendre sa place.

M. Messier spécifie qu'il faut absolument essayer de dénicher un endroit pour lui.

«Si on a un logement qui est libre, tant mieux, mais si ce n'est pas le cas, on peut entreposer les effets (du nouveau venu) et évidemment, ce sera la responsabilité du propriétaire de les retourner au bon endroit (lorsque la situation rentrera dans l'ordre)», a-t-il expliqué.

S'il faut en croire Martin Messier, ses membres doivent non seulement composer avec des cas de vandalisme, de vol et d'occupation illégale mais en plus, ils ont régulièrement la fâcheuse surprise de découvrir que des locataires leur ont laissé des souvenirs desquels ils auraient aisément pu se passer.

Il raconte avoir personnellement dû se rendre dans un appartement dans lequel «il y avait de la nourriture en train de pourrir dans l'évier et sur le comptoir, des sous-vêtements, des chaussettes (ainsi qu') une bouteille de bière brisée dans une toilette qui débordait».

Il soutient que pour les prochains occupants, l'arrivée sur place aurait normalement dû «être une autre tranche de vie à aborder avec le sourire mais que là, ça donnait plus le goût de vomir».

M. Messier précise que certains locataires ne confondent pas leur ancien logis avec un dépotoir, mais plutôt avec un chenil. Ils abandonnent donc leurs animaux domestiques derrière eux.

Dans de pareils cas, une solution «déchirante» s'impose, d'après lui. Martin Messier indique qu'il «est indispensable de contacter les autorités municipales pour être mis en contact avec des organismes comme Le Berger Blanc et la Société de prévention de la cruauté envers les animaux» qui seront en mesure de récupérer les bêtes laissées à elles-mêmes.

Il se dit conscient que ces divers problèmes représentent d'énormes maux de tête pour les propriétaires et c'est ce pourquoi il leur rappelle qu'ils ne sont pas seuls pour faire face à la musique.

Il souligne que son équipe peut leur servir de bouée de sauvetage car elle est outillée pour répondre aux appels d'urgence logés à ses bureaux et même pour réagir aux signaux d'alarme lancés dans la zone de clavardage du site Internet de l'APQ.

Plusieurs ménages ignorent toujours où ils vivront le 1er juillet

À l'approche du 1er juillet, de nombreux Québécois consultent sans doute frénétiquement les petites annonces dans l'espoir de pouvoir y dénicher leur prochain domicile.

Le coordonnateur du Front d'action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), François Saillant, soutient que plusieurs habitants de Gatineau, entre autres, se trouvent dans cette position peu enviable.

Il explique que, dans cette ville, «le problème actuel n'est pas tellement un manque de logements», mais plutôt le fait que les gens ont de la misère à trouver un endroit qu'ils sont en mesure de payer.

«Il y a assez d'appartements, mais il n'y en a pas suffisamment qui sont accessibles financièrement», déplore M. Saillant.

Jeudi dernier, à Gatineau, il y avait déjà 16 familles qui n'avaient pas de logis. Elles étaient donc la plupart du temps «installées temporairement chez des parents, des amis ou des connaissances», détaille-t-il.

M. Saillant retient présentement son souffle, car il craint que cette situation ne soit que la pointe de l'iceberg. Il mentionne que ce qu'il «sait par expérience, c'est qu'il y a des personnes qui vont se manifester le 1er juillet et même quelques jours plus tard».

Le phénomène n'est pas unique à cette ville de l'Outaouais. En Abitibi-Témiscamingue, la situation n'est pas rose non plus.

«Il y a une crise qui dure depuis tout près de dix ans maintenant et qui est très liée... au développement minier en particulier», indique-t-il. Ce secteur d'activité «a attiré des travailleurs d'ailleurs et ce que ça a causé c'est une rareté des logements très, très, très, très grande», ajoute-t-il.

François Saillant affirme avoir entre autres eu l'occasion de s'entretenir avec les responsables des services d'urgence de Val-d'Or vendredi et il a alors appris «qu'une dizaine de ménages s'étaient manifestés parce qu'ils n'arrivaient pas à se trouver quelque chose».

Le coordonnateur du FRAPRU exhorte ceux qui se trouvent dans cette fâcheuse posture à passer à l'action sans tarder.

«Il ne faut pas attendre mardi prochain. Quelqu'un qui ne s'est toujours pas déniché de place doit absolument contacter les services d'habitation de sa municipalité», dit-il d'un ton insistant.

Pour inciter les malchanceux ayant cette épée de Damoclès au-dessus de leur tête à bouger promptement, M. Saillant lance que « même si ça arrive de moins en moins souvent, il est possible qu'il y ait de l'aide financière qui leur soit accordée et on peut, parfois, leur offrir un hébergement».