En débarquant en force chez la soeur et partenaire d'affaires de Marc Bibeau, l'Unité permanente anticorruption (UPAC) a accentué hier la pression sur l'empire familial du grand argentier du Parti libéral du Québec. Pour une rare fois, celui-ci a accepté de parler publiquement pour défendre le nom de ses entreprises, éclaboussées par une enquête policière pour complot et fraude envers l'Agence métropolitaine de transport (AMT).

«Je suis une personne honnête. Quand l'UPAC est venue à mon bureau, je n'ai pas été me cacher, j'ai été les voir», a martelé Marc Bibeau, dans une entrevue téléphonique exclusive à La Presse.

L'homme est piqué au vif. Tôt hier matin, dans le cadre d'une enquête baptisée «Modestie», les policiers ont investi en force le luxueux domaine de sa soeur Suzanne Bibeau, à Laval.

À la recherche de preuves

Les policiers cherchaient des preuves pouvant confirmer leurs soupçons de fraude et complot en lien avec un contrat de 30 millions attribué par l'AMT à Le Gardeur, sur la ligne du train de l'Est, pour des travaux de terrassement et la construction d'une structure de protection de la voie ferrée.

C'est l'entreprise Garnier, de Joe Borsellino, qui avait emporté l'appel d'offres pour ce contrat, mais celle-ci avait sous-traité une portion des travaux à une entreprise de la famille Bibeau, pour une valeur d'environ 3 millions.

Des perquisitions ont déjà été menées le mois dernier dans le cadre de l'enquête Modestie chez Saramac et Schokbéton, deux entreprises de la famille Bibeau, ainsi que chez Construction Garnier.

«Saramac et Schokbéton ne sont associées d'aucune façon à Construction Garnier. Garnier, en tant qu'entrepreneur général, est allé au Bureau des soumissions déposées pour trouver un sous-traitant, et Saramac était le plus bas soumissionnaire conforme. Ce n'est même pas l'entrepreneur qui a choisi, c'est le système!», affirme Marc Bibeau, qui précise que même s'il préside le holding familiale détenteur des compagnies, il ne s'implique pas du tout dans leurs opérations quotidiennes.

«Entreprises conformes»

«Je peux vous assurer que nos entreprises se sont conformées aux demandes des policiers et que des documents ont été remis démontrant qu'aucune fraude n'a été commise, et que d'aucune façon l'AMT n'a été lésée dans ses droits», insiste-t-il.

L'homme d'affaires était toutefois incapable hier de dire pourquoi les policiers s'intéressent aux rénovations effectuées à la résidence de sa soeur. Le vaste domaine au bord du lac des Deux-Montagnes occupe pourtant une place importante dans l'enquête policière, selon nos informations.

Selon les mandats de perquisition déposés à la cour en novembre, et dont une partie seulement est publique, la police recherche tout document reliant Schokbéton et Garnier aux travaux de terrassement effectués chez Suzanne Bibeau, dans le cadre de son enquête.

Devant la commission Charbonneau, l'entrepreneur Lino Zambito a témoigné sous serment que Marc Bibeau lui a toujours été présenté comme «le grand argentier du Parti libéral» et «le grand boss du financement du Parti libéral du Québec».