Un policier de Toronto reconnu coupable d'avoir fait un usage excessif de la force contre un manifestant durant le sommet du G20 a été condamné lundi à une peine de 45 jours de prison.

L'agent Babak Andalib-Goortani avait été reconnu coupable en septembre dernier de voies de fait armées, suite à l'arrestation musclée du manifestant Adam Nobody le 26 juin 2010 devant l'édifice de l'Assemblée législative.

La Couronne n'a pas recommandé une alternative à la peine d'emprisonnement

L'avocat du policier, Harry Black, avait réclamé une absolution inconditionnelle. Me Black a plaidé que son client avait déjà souffert amplement de cette affaire - il souffre depuis du syndrome de stress post-traumatique, son état psychologique est fragile et son mariage s'est disloqué.

Plus de 1000 personnes ont été détenues par la police durant les manifestations en marge du sommet du G20 à Toronto; la plupart ont été libérées dans les 24 heures, sans être accusées de quoi que ce soit. L'agent Babak Andalib-Goortani était l'un des deux policiers à faire face à des accusations criminelles suite à ces arrestations. Plus tôt cette année, l'agent Glenn Weddell a été acquitté.

La juge Louise Botham a déterminé comme facteur aggravant que le manifestant Adam Nobody était déjà au sol, entouré d'autres policiers, au moment de l'agression. Elle a aussi souligné que le matricule du policier Andalib-Goortani n'était pas visible.

La juge a déterminé qu'Adam Nobody avait résisté minimalement à son arrestation après avoir été agrippé par d'autres agents. Des images vidéo montrent le manifestant au sol, avec des policiers entassés sur lui. Quelques instants avant que l'agent Andalib-Goortani ne livre une deuxième série de coups avec sa matraque, un autre policier est vu en train de donner des coups de genoux au visage du manifestant.

Un groupe de manifestants s'était distancé d'une action pacifique pour casser des vitres et brûler des véhicules de police au centre-ville de Toronto.

Adam Nobody a affirmé que l'incident au G20 avait ébranlé sa confiance envers la police. «Toute votre vie, vous êtes appelés à croire que les policiers sont les bons gars. Parfois, cette croyance se brise, a-t-il exprimé à la suite du prononcé de la peine contre l'agent Andalib-Goortani. Et une fois que cela éclate, en qui vous portez votre confiance? Si je suis victime d'un vol, qui vais-je appeler?»

Me Black n'a pas commenté à sa sortie de la salle d'audience. Peu après le prononcé de la peine, Andalib-Goortani a obtenu une libération sous caution de 7500 $ en attendant les procédures en appel.

Selon la Loi sur les services policiers, un policier suspendu en Ontario doit obtenir un salaire jusqu'à ce qu'il soit soumis à une peine de prison. Dans cette éventualité, un chef de police «peut» alors décider de suspendre l'agent sans salaire en attente de procédures en appel.

Mark Pugash, le directeur des communications de la police de Toronto, a confirmé lundi que l'agent Andalib-Goortani était désormais suspendu sans salaire.

Les conditions de la libération d'Andalib-Goortani impliquent qu'il se trouve un nouvel emploi s'il est suspendu sans solde.

Une fois la conclusion de l'appel, Andalib-Goortani devra se plier aux procédures internes de discipline, qui pourraient signifier son exclusion totale des rangs de la police.

Me Black avait laissé entendre durant ses plaidoiries qu'une peine de prison rendrait plus probable une cessation d'emploi pour Andalib-Goortani.

Photo: PC

Babak Andalib-Goortani