Pour éviter un nouveau dérapage et garder l'oeil sur ses officiers, le grand patron de la Sûreté du Québec (SQ) a fermé le robinet du fonds secret destiné aux opérations spéciales.

Désormais, toutes les dépenses d'opérations spéciales supérieures à 5000 $ doivent être soumises à l'état-major et signées par le patron lui-même, a indiqué lundi le directeur général de la SQ, Mario Laprise.

Nommé à la tête de la Sûreté du Québec en octobre dernier, M. Laprise était de passage en commission parlementaire à l'occasion de l'étude des crédits du ministère de la Sécurité publique.

Le blason de la SQ a été fortement entaché en décembre dernier lorsque le public a appris que trois anciens dirigeants faisaient l'objet d'une enquête indépendante à la suite d'allégations de nature criminelle.

L'enquête, qui se poursuit toujours, concerne l'utilisation du «Fonds d'opérations spéciales», une cagnotte bien garnie destinée à éponger certaines dépenses stratégiques comme la rémunération des délateurs, des informateurs et des collaborateurs.

Or, selon les faits allégués, le fonds secret aurait aussi été utilisé de façon «inappropriée» pour défrayer le coût d'une prime de départ à un collègue policier. Il aurait également permis de payer un consultant professionnel qui ne pouvait pas autrement faire affaire avec la SQ en raison de ses démêlés avec le fisc.

Les trois ex-responsables visés par l'enquête sont l'ancien directeur général de la SQ - et prédécesseur de Mario Laprise - Richard Deschesnes, l'ex-directeur adjoint aux enquêtes criminelles Steven Chabot et son successeur jusqu'en 2012, Jean Audette.

Des accusations de fraude et d'abus de confiance pourraient être portées si les gestes reprochés s'avèrent fondés.

Un groupe d'enquêteurs civils et indépendants a été mis sur pied un peu avant la mi-décembre par le sous-ministre de la Sécurité publique pour mener l'enquête. Le DG de la Sûreté du Québec n'a pas été en mesure lundi de préciser où en étaient leurs travaux.

Devant les parlementaires, M. Laprise a indiqué qu'une vérification exhaustive des dépenses d'opérations spéciales remontant aux quatre dernières années est présentement en cours. Une révision de l'ensemble de la politique de gestion des dépenses d'opérations spéciales est également en chantier, a-t-il souligné.