«Il devrait suivre l'exemple de la Paix des Braves.» En 2002, Bernard Landry est parvenu à une entente historique avec le grand chef du Conseil des Cris. Onze ans plus tard, il recommande à Stephen Harper de s'inspirer de ce modèle pour s'entendre avec les Autochtones et le mouvement de protestation Idle No More.

«Dans le monde entier, cette entente est proposée comme un modèle, constate l'ancien premier ministre du Québec. Nos Cris, là-dessus, ont été très honnêtes. Ils sont allés parler partout dans le monde, y compris aux Nations unies. L'Assemblée nationale du Québec a reconnu les Premières Nations comme des nations. Et la Paix des Braves, c'est une entente entre nations.»

Nation prospère

Avec la Paix des Braves, Québec s'est engagé à associer les Cris à la mise en valeur du Nord et à leur verser 4 milliards et demi de dollars en 50 ans. En échange, les Cris ont mis un terme à leurs revendications territoriales. Quelques mois plus tard, le Québec a signé avec les Inuits l'entente Sanarrutik, qui vise à accélérer la croissance économique et communautaire du Grand Nord québécois.

«Le niveau de vie des Cris, en 10 ans, a pratiquement rejoint le nôtre, affirme Bernard Landry. Et dans plusieurs autres réserves - ce n'est pas un très beau mot-, le niveau de vie ressemble à celui de la population du Québec. Wendake, à Québec, ce n'est pas la pauvreté. Kanesatake, parfois pour d'autres raisons, ce n'est pas la pauvreté non plus.»

La Paix des Braves et l'entente conclue entre Ottawa et les Cris d'Eeyou Istchee en 2008 ont transformé les Cris du Québec en nation prospère. Les 16 000 autochtones de la Baie-James ont maintenant un revenu personnel disponible parmi les plus élevés du Québec, avait indiqué La Presse dans un article paru en 2011. Mais tout n'est pas rose. Les problèmes de santé et la pénurie de logements demeurent. La distribution de la richesse est inéquitable. Selon des données tirées du Plan Nord, 92% des jeunes Cris ont interrompu leur parcours scolaire sans avoir obtenu un diplôme ou une qualification.

Des modèles

Bernard Landry croit néanmoins que la Paix des Braves et l'entente Sanarrutik sont des modèles à suivre. «Le Québec est exemplaire dans le Canada, affirme-t-il. Que le reste du Canada s'inspire de ce qu'on a fait.»

Lancé sur les réseaux sociaux, le mouvement Idle No More prend de l'ampleur au pays. Ses militants dénoncent le projet de loi omnibus C-45, qui menace, selon les Premières Nations, des droits garantis par traité. La chef de la réserve d'Attawapiskat, Theresa Spence, s'est pour sa part engagée à poursuivre sa grève de la faim tant que les chefs autochtones n'auront pas rencontré en même temps le premier ministre Harper et le gouverneur général, David Johnston.