Dans des notes de service nouvellement rendues publiques, le gouvernement fédéral affirme que l'utilisation illégale de passeports canadiens par des ressortissants russes menace l'intégrité du document de voyage.

Selon les documents du ministère des Affaires étrangères, le Canada «déplore fortement» l'exploitation de son passeport par des agents russes afin de mettre en place un réseau d'espionnage aux États-Unis.

Mais il semble que les tactiques dignes de la guerre froide utilisées par la Russie, révélées l'an dernier par les autorités américaines, n'aient pas eu d'impact négatif sur les relations entre Moscou et Ottawa.

En fait, l'ambassade de la Fédération de Russie au Canada a indiqué que les autorités canadiennes n'avaient même pas soulevé la question.

Jean-François Lacelle, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, a refusé d'aborder le sujet, se bornant à dire que les communications avec les autres pays étaient confidentielles.

L'an dernier, 11 personnes - parmi lesquelles quatre qui prétendaient être de nationalité canadienne - ont été accusées d'avoir conspiré afin d'agir à titre d'espions aux États-Unis pour le compte des services russes de renseignement.

Donald Heathfield et Tracey Foley, qui ont habité ensemble près de Boston, ont reconnu être Andreï Bezrukov et Elena Vavilova. Patricia Mills, d'Arlington, en Virginie, a quant à elle confessé être en réalité Natalia Pereverzeva.

Le Federal Bureau of Investigation (FBI) américain a indiqué que Moscou avait donné comme instruction à Bezrukov et Vavilova de recueillir des renseignements sur la politique extérieure américaine.

Ils ont apparemment communiqué avec les dirigeants des services russes d'espionnage au moyen d'un logiciel informatique spécial incorporant des messages secrets dans des images.

Andreï Bezrukov a mis la main sur le dossier de naissance d'un bébé qui avait pour nom de famille Heathfield et qui est mort à Montréal à l'âge de six semaines, en 1963, et a emprunté son identité, selon le FBI.

Bezrukov, Vavilova et Pereverzeva figurent parmi ceux qui ont été renvoyés à Moscou après reconnu leur culpabilité, dans le cadre d'un échange de prisonniers avec la Russie.