Ce n’est pas ce que les usagers de la STM souhaiteraient entendre, mais les maux à l’origine de la vague d’insécurité dans le métro « ne diminueront pas, c’est sûr et certain », estime la grande patronne des policiers affectés au réseau souterrain.

La pandémie de COVID-19 a exacerbé deux crises sociales : celle de l’itinérance et celle de la consommation d’opioïdes. Ces problèmes se sont déplacés – et incrustés – dans le métro de Montréal, où le nombre d’actes criminels a augmenté de 10 % à 13 % par année en moyenne depuis 2020. On parle entre autres de vente de drogue, de voies de fait, d’agressions et de menaces.

Devant ce constat, le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a revu de fond en comble sa stratégie d’intervention en novembre dernier. La commandante Joanne Matte, qui dirige une équipe de 100 policiers affectés au métro, m’a expliqué ce grand rebrassage en entrevue.

Le principal changement peut sembler paradoxal : les policiers du métro ne sont plus ceux qui répondent en premier aux appels d’urgence faits dans le réseau. « Comment on peut travailler en amont ? En les dégageant de la réponse aux appels », dit Mme Matte.

Auparavant, les policiers du métro perdaient un temps fou à se déplacer « du point A au point B » dans leurs véhicules, lorsque des signalements étaient faits dans les stations. Cette responsabilité a été transférée aux agents des postes de quartier du SPVM, qui se rendent dans le réseau souterrain de leur secteur lorsque des crimes y sont signalés.

Renseignement et filature

Les membres de l’équipe de Joanne Matte, désormais, « travaillent uniquement dans les installations du métro et aux abords du métro, donc ils sont vraiment toujours physiquement dans le métro ».

Ce changement répond à deux objectifs. D’une part, accroître la visibilité des policiers dans le réseau de transport. Mais aussi, et surtout, leur donner beaucoup plus de temps – et de moyens – pour tenter de désamorcer les problèmes à la source.

Une bonne partie des efforts a été redirigée vers la cueillette de renseignements. Entre autres avec des filatures, des observations faites sur le terrain par des agents en civil et par le recrutement de « sources » dans le milieu criminel.

Les résultats sont probants, avance Joanne Matte.

Ce que j’observe actuellement, depuis le mois de novembre, c’est que le délai entre la commission d’un crime et l’arrestation est grandement réduit.

La commandante Joanne Matte, cheffe de la section Métro du SPVM

Le fait d’avoir davantage d’agents « dédiés à la recherche des suspects » a permis de réduire à environ cinq ou six jours le moment de l’interception d’un suspect, plutôt que deux à quatre semaines auparavant, estime Mme Matte.

Le nombre d’arrestations a aussi augmenté, dit-elle, mais il est trop tôt pour dresser un bilan.

Les policiers du SPVM affectés au métro travaillent en étroite collaboration avec les constables spéciaux de la STM, ainsi qu’avec d’autres intervenants comme ceux de l’Équipe mobile de médiation et d’intervention sociale (ÉMMIS). L’idée est de rediriger les gens en détresse, lorsque c’est possible, vers des ressources appropriées en hébergement ou en santé mentale.

Des ressources nettement insuffisantes à l’heure actuelle.

Les changements apportés par le SPVM à sa stratégie dans le métro constituent un projet pilote d’un an. Il pourrait être reconduit à la lumière des résultats qui seront connus en novembre prochain. Quatorze nouveaux policiers ont été embauchés pour le mener à bien.

Lisez « Insécurité dans le métro : la STM appelle à l’aide »