Valérie Plante ne veut pas déclencher d’enquête indépendante sur le racisme dans sa fonction publique, malgré les appels en ce sens de l’opposition officielle à l’hôtel de ville.

La mairesse Plante a fait valoir que le temps de la « documentation » était passé et que la Ville était plutôt en « action » pour lutter contre les discriminations.

« Je tiens à mentionner que c’est une volonté politique, […] mais c’est aussi une volonté administrative », a-t-elle dit mercredi, en réaction à une enquête du Devoir sur la prévalence des incidents racistes au sein du personnel de la Ville. « On prend ça très au sérieux. Nos pensées et notre empathie vont avec les personnes qui ont vécu des choses difficiles. Et notre feuille de route montre qu’on est en action. Et c’est ce que les gens veulent. » Elle a notamment évoqué la création d’un guichet unique pour les victimes.

« J’ai été déçu de lire ce que j’ai vu dans les derniers jours », a dit Serge Lamontagne, le directeur général de la Ville. « Il faut retourner toutes les pierres. Force est de constater qu’on a encore du travail à faire. Ce n’est pas normal que des employés aient encore de la misère à porter plainte. » M. Lamontagne a demandé aux 1800 cadres de la Ville d’« aller sur le terrain » pour parler à leurs employés racisés.

Quelques heures plus tôt, l’opposition officielle à l’hôtel de ville avait exigé le déclenchement d’une enquête sur la question. Les incidents racistes sont trop nombreux et trop rarement sanctionnés ont dénoncé mercredi les élus d’Ensemble Montréal.

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« Une enquête externe indépendante nous permettra de connaître la portée du racisme et des discriminations subies par les employés issus de la diversité à la Ville de Montréal », a affirmé le maire de Saint-Laurent, Alan DeSousa.

« Une enquête externe indépendante nous permettra de connaître la portée du racisme et des discriminations subies par les employés issus de la diversité à la Ville de Montréal », a affirmé le maire de Saint-Laurent, Alan DeSousa, en conférence de presse. « En ayant un diagnostic complet, on pourra poser les bonnes actions et changer la culture de la fonction publique montréalaise. »

Abdelhaq Sari, élu d’opposition dans Montréal-Nord, a témoigné qu’il avait lui-même été victime de propos racistes de ses supérieurs alors qu’il travaillait au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM). Il a précisé ne pas avoir porté plainte pour éviter les répercussions sur sa carrière, un dilemme auquel de nombreux employés racisés font face. « Le racisme et les discriminations sont présents partout », a-t-il dit.

Les élus d’opposition ont aussi exprimé leur déception quant au travail de la Commissaire à la lutte au racisme et aux discriminations systémiques, nommée il y a deux ans. « Force est de constater que, depuis son embauche il y a plus de deux ans, les avancées n’ont pas lieu aussi rapidement qu’espéré », a fait valoir Ensemble Montréal. L’opposition dénonce notamment le fait que la commissaire, Bochra Manai, n’a jamais publié un « plan d’action » comme prévu. Elle a plutôt préparé une liste d’« engagements ».