Les batteries à domicile, aussi appelées accumulateurs, présentent des avantages, mais pas au point de justifier une subvention, estiment des experts consultés par La Presse.

« Si on est dans un endroit où il y a des pannes fréquemment, c’est une solution tout à fait intéressante », considère Jean-Pierre Desjardins, formateur en énergies renouvelables.

« Une génératrice, c’est bruyant, ça pue et ça utilise du combustible », alors que les accumulateurs sont rechargés par le réseau électrique, souligne-t-il.

Il n’existe cependant pas de mesure incitative gouvernementale à investir dans cette solution de rechange. La Subvention canadienne pour des maisons plus vertes subventionne seulement les batteries connectées à un système photovoltaïque (énergie solaire).

PHOTO HUGO-SEBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Le cofondateur et directeur général d’Écohabitation, Emmanuel Cosgrove

On aime bien l’idée d’une stratégie de stockage électrique chez les gens qui veulent bien investir, mais on ne pense pas que ça devrait faire l’objet de subventions, parce qu’il y a quand même un grand coût écologique associé à toute forme de batterie.

Emmanuel Cosgrove, cofondateur et directeur général d’Écohabitation

Même si le prix des batteries au lithium diminue, les batteries acide-plomb, moins chères, demeurent les plus utilisées, témoigne Emmanuel Cosgrove, cofondateur et directeur général d’Écohabitation, un organisme qui offre de l’accompagnement dans la réalisation de projets durables. Sans oublier que le lithium, « c’est quand même un ingrédient rare ».

Hydro-Québec aurait bien des raisons d’être réticente à installer des batteries chez ses clients, signale François Bouffard, professeur au département de génie électrique et de génie informatique de l’Université McGill. « On parle d’une installation assez coûteuse, on a besoin d’un espace, d’un électricien. Est-ce que la Régie de l’énergie accepterait ça dans une cause tarifaire ? Et il ne faut pas oublier que les batteries lithium-ion ont quand même une propension à prendre en feu. »

L’option V2H

Cette solution pourrait cependant devenir plus attrayante lorsque le recyclage des batteries de véhicules électriques deviendra plus important, si ces batteries sont réassemblées pour des applications stationnaires, avance M. Bouffard. « C’est un modèle d’affaires en développement en Allemagne pour le secteur industriel ; le tout n’est pas encore profitable du côté résidentiel. »

En attendant, les propriétaires d’un véhicule électrique peuvent déjà utiliser l’énergie de la batterie pour alimenter leur foyer (une solution connue sous l’acronyme anglais V2H, ou vehicule-to-home) ou même le réseau (V2G, ou vehicule-to-grid) – lorsque la garantie du manufacturier le permet.

« Quand tu achètes une auto électrique, tu as quand même une batterie de 10 000 $ qui vient avec ! », s’exclame M. Cosgrove.

Et l’achat de véhicules électriques étant déjà généreusement subventionné, « ce serait dommage de dupliquer les investissements en batteries », plaide le DG d’Écohabitation

« On serait très favorable à ce qu’en période de panne, nos véhicules électriques puissent garder notre congélateur en fonction », mais ce serait « une bonne idée » de réserver les subventions aux véhicules dont les constructeurs permettent le V2H, « parce que c’est beaucoup de fonds publics ».