Les promoteurs du projet contesté d’entrepôt de BRP à Saint-Philippe, en Montérégie, ont commencé leurs travaux dans l’habitat d’une grenouille menacée de disparition sans avoir obtenu l’autorisation du ministère de l’Environnement, qui a ordonné lundi l’arrêt du chantier.

Un inspecteur du Ministère s’est rendu sur les lieux le 13 mars, à la suite de plaintes de citoyens. « Il a alors constaté que des travaux étaient en cours pour un projet de développement industriel, sans que les entreprises aient obtenu au préalable une autorisation ministérielle, contrevenant ainsi au deuxième alinéa de l’article 22 de la Loi sur la qualité de l’environnement (LQE) », indique le communiqué gouvernemental diffusé jeudi.

Ce projet empiète dans l’occurrence de la rainette faux-grillon de l’Ouest, une espèce désignée menacée en vertu de la Loi sur les espèces menacées ou vulnérables, et en péril en vertu de la Loi sur les espèces en péril.

Extrait du communiqué du ministère de l’Environnement

Puisque la poursuite des travaux aurait pour effet de détruire davantage l’habitat de la minuscule grenouille, le Ministère a pris une ordonnance envers les entreprises Développements Rosefellow, le Groupe Maison Candiac et Construgep, précise-t-il.

Le terrain en question, qui se trouve à Saint-Philippe, mais est enclavé dans la municipalité voisine de La Prairie, est destiné à recevoir un énorme centre de distribution de BRP, constructeur de motoneiges, motomarines et motos à trois roues Spyder.

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Le site de 325 000 m2 (3,5 millions de pieds carrés) en façade de l’autoroute 30 appartenait au Groupe Maison Candiac, mais est passé cette semaine aux mains du promoteur Rosefellow et de son partenaire Groupe Mach, qui projettent de construire trois ou quatre bâtiments sur le terrain, selon les plans déposés auprès de la municipalité de Saint-Philippe.

Le projet est controversé puisque, en plus de se trouver près de l’habitat de la rainette faux-grillon, il entraînera une augmentation de la circulation à La Prairie, ce qui a été décrié par des citoyens et par leur conseil municipal.

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Le directeur général de Saint-Philippe, Martin Lelièvre, assure que toutes les mesures ont été prises pour préserver l’habitat de la grenouille, notamment en conservant la végétation au pourtour du terrain, par une zone tampon de 100 m et une butte.

« Mais dernièrement, des préoccupations ont été soulevées à l’effet qu’il y aurait peut-être des rainettes en dehors de la zone protégée », dit-il.

Le président et cofondateur de Rosefellow, Mike Jager, indique que seuls des travaux d’abattage d’arbres ont été entrepris sur le site, après l’obtention d’un permis municipal. Ces travaux étaient réalisés à 25 % avant qu’ils soient arrêtés.

« On veut collaborer avec le Ministère comme on l’a toujours fait, affirme-t-il en entrevue. On soumet tous les documents nécessaires, en espérant que très rapidement, ils nous permettront de continuer notre projet. Quand on a commencé, c’est parce que nos experts et nos biologistes nous ont garanti que tout avait été fait de la bonne manière. »

Il insiste pour dire que son entreprise prend au sérieux le respect de l’environnement, avec des bâtiments carboneutres et certifiés LEED.