Depuis des années, les universités anglophones sont les grandes gagnantes de la bataille que se livrent les établissements d’enseignement supérieur pour recruter des étudiants internationaux. Mais ça change.

La proportion des étudiants étrangers inscrits dans les universités anglophones du Québec, qui avait crû de façon constante pour atteindre un sommet de 44,9 % à l’automne 2020, a baissé depuis pour s’établir à 37,9 % à l’automne 2022, a constaté La Presse, à partir des données compilées par le Bureau de coopération interuniversitaire (BCI).

En tout, à l’automne 2022, on comptait 54 321 étudiants internationaux, soit 20 598 dans les trois universités anglophones et 33 723 dans les 16 établissements francophones.

Le renversement de tendance s’explique d’abord par le fait que les universités francophones ont déployé des efforts pour attirer plus d’étudiants étrangers en organisant des campagnes de recrutement à l'international, avec la participation du gouvernement du Québec, qui ont été couronnés de succès.

L’an dernier, le nombre d’étudiants étrangers a bondi de 14 % dans les universités francophones, contre 4 % dans les anglophones.

Ces gains du côté francophone sont renforcés par le fait que les établissements anglophones, qui comptent déjà une forte proportion d’étudiants étrangers, ne cherchent plus autant à accroître leur nombre. C’est notamment le cas de McGill, l’université qui en accueille le plus au Québec, mais qui ne veut pas augmenter sa proportion d’étudiants étrangers, actuellement de 29 %.

Dans les universités francophones

À l’Université de Montréal (UdeM), les étudiants internationaux représentent 16 % de la clientèle. Ils sont plus de 7000 sur un effectif de 46 000 étudiants.

« Plus de la moitié sont issus de la France », précise le recteur, Daniel Jutras.

« Les autres bassins importants sont les pays du Maghreb et de l’Afrique francophone, ajoute-t-il. Il y a encore des enjeux. Pas des enjeux québécois, mais des enjeux d’immigration fédérale de délai d’obtention des autorisations, qui réduisent notre capacité à convertir des offres d’admission en inscriptions », déclare-t-il, en faisant référence au fait que les étudiants africains ont plus de mal à obtenir des permis d’études que ceux d’autres régions du monde, particulièrement au Québec.

À HEC Montréal, affiliée à l’UdeM, la proportion d’étudiants internationaux est aussi de 16 %. Elle grimpe à 28 % à Polytechnique Montréal, qui fait aussi partie de l’UdeM. Ensemble, l’UdeM, HEC et Polytechnique comptent 18 % d’étudiants étrangers.

L’Université du Québec à Montréal (UQAM), quant à elle, compte 13 % d’étudiants d’ailleurs. Sur 35 000 personnes, près de 5000 viennent de l’extérieur du Canada.

« Ce nombre est en pleine croissance depuis quelques années », précise la porte-parole, Caroline Tessier, par courriel. « On observe une augmentation de plus de 15 % des étudiants internationaux à l’UQAM entre 2019 et 2022. Sur un peu plus de 10 ans, cette croissance est encore plus fulgurante : il y avait 2457 étudiantes et étudiants internationaux en 2010, et ils sont près du double en 2022. »

Dans l’ensemble du réseau de l’Université du Québec (UQ), ils sont particulièrement nombreux à l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC) et à l’École de technologie supérieure (ETS), où près d’un étudiant sur trois (31 %) vient de l’étranger.

Le plus haut pourcentage se trouve à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS), une petite université de l’UQ, consacrée à la recherche et à la formation d’étudiants de deuxième cycle, avec 63 % d’étudiants internationaux.

À l’Université Laval, les étrangers représentent 12 %.

Cette proportion est de 8 % à l’Université de Sherbrooke, qui compte 2000 étudiants internationaux sur une population de 25 000 étudiants.

Dans les universités anglophones

Du côté des établissements anglophones, c’est McGill qui accueille le plus grand nombre d’étudiants internationaux : près de 11 000 sur 36 560 étudiants, soit 29 % de sa clientèle. Les trois principaux pays de provenance sont la Chine, les États-Unis et la France. Près de la moitié des étudiants de McGill sont des résidants du Québec et 23 % viennent des autres provinces.

C’est un peu dans l’ADN de l’université d’offrir une expérience multiculturelle à ses étudiants.

Fabrice Labeau, premier vice-principal exécutif adjoint à McGill

McGill souhaite conserver un pourcentage d’étudiants internationaux entre 25 % et 30 %, affirme M. Labeau. « On ne veut pas dépasser ça parce qu’on est une université québécoise et on veut garder cette caractéristique, précise-t-il. Nos budgets sont faits en fonction de ça. »

Concordia a aussi beaucoup d’étudiants étrangers : 9300 sur 39 000 étudiants, soit 24 % de la clientèle. Les pays les plus représentés sont l’Inde, l’Iran, la France, la Chine et les États-Unis. « En général, les étudiants internationaux sont en proportion plus importante aux cycles supérieurs », précise la porte-parole, Vannina Maestracci, par courriel.

À Bishop’s, une petite université de 3000 étudiants située en Estrie, les étudiants internationaux représentent 22 % de la clientèle.

Dans les trois universités anglophones du Québec, le troisième pays de provenance des étudiants internationaux est… la France.

En savoir plus
  • 17,4 %
    Pourcentage des étudiants internationaux dans les universités québécoises, à l’automne 2022
    Source : Bureau de coopération interuniversitaire
    20 %
    Hausse des étudiants internationaux inscrits dans un programme de maîtrise, à l’automne 2022, comparativement à l’année précédente
    Source : Bureau de coopération interuniversitaire