Des membres influents de la mafia et du crime organisé montréalais seraient les commanditaires du meurtre du chef de gang Arsène Mompoint, tué par balle en plein jour, alors qu’il était attablé avec plusieurs personnes, dans un magasin de cannabis de Kanesatake, le 1er juillet 2021.
C’est ce qui ressort de deux audiences qui ont eu lieu le mois dernier et mardi, au palais de justice de Montréal, et que révèlent des documents obtenus par La Presse.
Ces individus sont Vito Salvaggio, Pietro D’Adamo et Davide Barberio, considérés par la police comme des acteurs importants de la mafia, ainsi que Jean-Philippe Célestin, Emmanuel Zéphir et Dany Sprinces Cadet, issus des gangs.
Un septième individu, Gregory Woolley, était également visé par l’enquête, mais il a été assassiné en novembre dernier.
En décembre, les résidences de ces sept individus ont fait l’objet de perquisitions.
Lorsqu’ils s’y sont présentés, les enquêteurs de la Sûreté du Québec (SQ) leur ont annoncé que leur visite était en lien avec le meurtre d’Arsène Mompoint.
L’investigation sur l’assassinat de ce dernier, baptisée Représailles, s’effectue, selon nos informations, en parallèle au projet Alliance, cette grande enquête menée depuis maintenant deux ans par le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) et la SQ autour des révélations de l’ancien tueur à gages Frédérick Silva.
Ce dernier aurait fourni aux policiers des informations sur une trentaine de meurtres et autant de tentatives de meurtre commis au sein du crime organisé montréalais depuis la fin des années 1990.
Outre un chef d’accusation de meurtre, les six individus pourraient également être accusés de tentative de meurtre, d’avoir déchargé une arme à feu avec une intention particulière, de complot de meurtre et de gangstérisme.
Butin électronique
Dans le cadre de l’enquête Représailles, les enquêteurs ont notamment saisi huit téléphones et 212 000 $ chez Salvaggio ; trois téléphones, une tablette, un silencieux, un chargeur, un pistolet à impulsion électrique, 15 000 $ et deux montres de luxe chez Barberio ; deux téléphones chez Zéphir ; trois téléphones, une tablette et deux ordinateurs chez Cadet ; deux téléphones dans une résidence soupçonnée d’être celle de Célestin ; quatre téléphones, deux tablettes, un ordinateur, un pistolet, trois chargeurs et des munitions de cinq calibres différents chez D’Adamo ; et, enfin, deux téléphones chez Gregory Woolley.
Dans une requête, la poursuite a demandé de pouvoir conserver ces éléments durant encore un an et même plus, ce à quoi s’opposent les avocats des individus.
Les avocats contestent le fait que les objets soient en possession de la police depuis décembre dernier et que la Couronne demande une prolongation jusqu’au 18 mars 2025.
Ils mettent en doute la complexité de l’enquête.
Me Martin Subak, avocat de Salvaggio, se questionne sur le lien entre l’argent saisi chez son client et le crime suspecté, et Me Dominique Shoofey, sur le lien entre les montres Rolex et Bentley trouvées chez Barberio et le crime allégué.
Des téléphones huîtres
Au total, 32 téléphones ont été saisis relativement au meurtre de Mompoint. Quatorze d’entre eux ont été ouverts par les policiers experts des crimes technologiques. Leurs données ont été extraites et seraient sur le point d’être analysées.
En revanche, les policiers seraient incapables d’en ouvrir une dizaine, et un autre, qui appartiendrait à Jean-Philippe Célestin, s’est effacé quand les policiers ont tenté d’en extraire les données.
L’avocat de Célestin, Me Richard Tawil, conteste la saisie du second appareil que la police attribue à son client en plaidant que rien ne prouve que la chambre où il a été trouvé est celle du chef de gang devenu motard récemment.
Fait à noter, une photo de Woolley constituait le fond d’écran de l’un des appareils attribués à Célestin.
Le juge Dennis Galiatsatos, de la Cour du Québec, rendra sa décision en juin.
Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.