En dressant notre liste de souhaits, juste avant Noël, nous en avons profité pour demander : « Et vous, chers lecteurs, quel cadeau aimeriez-vous recevoir de vos élus ? » Vous avez été près de 150 à nous écrire, entre une bouchée de tourtière et un sucre à la crème, pour nous faire part de vos vœux pour 2024.

Avant toute chose, ce que vous demandez à nos politiciens, c’est de la transparence et du courage. Vous souhaitez qu’ils cessent « d’agir comme des gamins en se chamaillant à l’Assemblée nationale » (Roger) et « qu’ils collaborent entre eux, quelle que soit leur allégeance, pour maximiser le bien-être des citoyens » (Richard). Vous voulez « de l’honnêteté, moins de mots vides et une vision qui dépasse quatre ans » (Valérie).

Mais vous êtes aussi nombreux à réclamer « un peu de positivisme et d’espoir de la part des journalistes » (Michèle), car après tout, « on ne vit pas dans un goulag au Québec » (Jacques).

On s’entend là-dessus ! Et en ce début d’année, il ne manque pas de bonnes nouvelles. À preuve, notre premier souhait pour 2024 a déjà été réalisé.

Tout en haut de notre liste, nous avions demandé une convention collective pour la fonction publique du Québec⁠1. Voilà que de généreuses ententes de principe ont été conclues avec presque tous les syndicats. Quelle excellente nouvelle de voir les enfants retourner enfin en classe ! (Sans cellulaire, en prime.)

Oui, il y aura du rattrapage à faire, surtout pour les élèves en difficulté, un défi que le ministre de l’Éducation Bernard Drainville prend au sérieux avec son plan de 300 millions présenté mardi.

Mais vous savez quoi ? Les résultats scolaires des élèves québécois sont parmi les meilleurs au monde, selon les tests internationaux (PISA). Ce constat réjouissant qui témoigne du bon travail de nos enseignants mérite d’être souligné à grands traits, alors que ceux-ci reviennent à l’école, à l’issue d’un conflit long et pénible.

Évidemment, ces ententes auront un coût. Notre collègue Vincent Brousseau-Pouliot a chiffré la facture excédentaire à au moins 3,5 milliards par année, par rapport à ce que la Coalition avenir Québec (CAQ) avait prévu dans son dernier budget⁠2.

Cela compromet sérieusement la promesse de revenir à l’équilibre budgétaire d’ici cinq ans. D’autant que la CAQ a déjà presque entièrement vidé le coussin de sécurité de 6,5 milliards que gardait le gouvernement pour les cinq prochaines années. Et que l’économie du Québec est tombée en récession technique.

Mais voyons le côté positif : les ménages québécois sont en bonne posture. Ça semble difficile à croire quand on voit les prix à l’épicerie, mais leur pouvoir d’achat s’est amélioré depuis 2019, dans la vaste majorité des cas étudiés par la Chaire de recherche en fiscalité et en finances publiques⁠3.

Et 2024 s’annonce bien.

L’indexation des prestations gouvernementales qui est calculée en fonction de l’inflation de la dernière année fera en sorte que les pertes des ménages liées à l’inflation seront surcompensées. La hausse est de 4,4 % pour les rentes du RRQ et de 5,08 % pour l’allocation famille, l’aide sociale et les seuils des tables d’impôt, alors que l’inflation est redescendue à 3,4 % au Québec.

Ah oui, et les contribuables auront une belle surprise en faisant leur déclaration de revenus. Ils récupéreront la moitié de la baisse d’impôt accordée par la CAQ pour l’ensemble de l’année 2023, puisque les retenues à la source n’ont été ajustées qu’à partir du 1er juillet. Cela pourrait engendrer un remboursement allant jusqu’à 407 $, au printemps.

Tout cela apportera une bonne dose d’oxygène.

Et tant qu’à être dans les bonnes nouvelles, soulignons au passage que les régimes de retraite ont sorti la tête de l’eau, eux qui étaient en crise au cours de la dernière décennie.

Souvenez-vous des retraités de Nortel Networks ou de Sears Canada qui se sont fait amputer leur rente, parce que leur employeur avait fait faillite alors que leur caisse de retraite était dans le rouge.

Grâce à la remontée des taux d’intérêt et à la bonne tenue des marchés boursiers, l’indice Mercer qui mesure la solvabilité des régimes de retraite canadiens est remonté à 116 % à la fin de 2023, après avoir sombré à 70 % en 2009.

Ça aussi, c’est rassurant.

Dans ce contexte, la CAQ n’aura pas besoin de sortir son chéquier pour aider l’ensemble des ménages. Ça tombe bien, car les finances sont serrées à Québec.

La CAQ devra gérer la province en bon père ou bonne mère de famille. « Comme disait ma grand-mère, avant de se payer des frivolités, il faut avoir les sous pour manger ! » (Claudette).

Bref, la soupe avant le dessert. Le financement des maisons d’accueil avant les matchs de hockey.

Chapeau, mesdames !

Permettez une dernière nouvelle réjouissante. « Nous avons une situation nouvelle au Québec où tous les organismes d’aide aux entrepreneurs sont dirigés par des femmes » (Jean-René).

En effet, Bicha Ngo a été nommée à la tête d’Investissement Québec en décembre dernier, alors que ce sont des femmes qui dirigent déjà le Fonds FTQ, Fondaction, la Banque de développement du Canada et Exportation et développement Canada.

Chapeau ! Il faut des modèles forts pour encourager les femmes à se lancer dans les affaires, à faire carrière dans la finance et à gravir les échelons les plus élevés dans tous les secteurs.

Lisez « Tout ce qu’on veut pour Noël, c’est… » Lisez « Combien coûtera l’entente avec le secteur public ? » Consultez un rapport sur l’évolution du pouvoir d’achat

La position de La Presse

Dans un contexte où les pertes des ménages québécois liées à l’inflation seront surcompensées en 2024, Québec pourra ranger son chéquier… ce qui tombe bien, car ses finances sont serrées.