La grève qui perdure, l’économie qui vacille… Décidément, la fin de l’année n’est pas un cadeau au Québec. Si nos élus étaient les lutins de père Noël, voici ce qu’on aimerait qu’ils déposent sous le sapin pour commencer l’année 2024 du bon pied.

Une convention collective

La grève qui s’éternise est un constat d’échec non seulement pour la Coalition avenir Québec (CAQ), mais aussi pour le modèle québécois qui craque de partout, malgré nos impôts élevés. Pour les enfants privés d’école, pour les patients en manque de soins, pour les travailleurs sans revenus, on souhaite vivement une convention collective qui, au-delà de meilleures conditions de travail, permettra un véritable tournant dans nos services publics en démanche.

De la productivité, s’il vous plaît

On en a eu la confirmation jeudi : le Québec a accusé deux trimestres consécutifs de décroissance économique, ce qui correspond à la définition classique d’une récession. Et le dernier trimestre de 2023 risque aussi d’être dans le rouge, en raison de la grève. Que voulez-vous, c’est le prix à payer pour freiner la surchauffe. Pour rebondir, il faut améliorer la productivité qui traîne la patte. Formation, innovation, numérisation… C’est la meilleure façon d’améliorer notre niveau de vie, tout en limitant l’inflation. Le ministre des Finances du Québec a mené des consultations. On veut des mesures concrètes dans le prochain budget.

La bureaucratie à la diète

Chers élus, chers fonctionnaires, oubliez les soupers d’huîtres et les matchs de hockey aux frais des contribuables. Mot d’ordre : discipline. Avec la hausse des taux d’intérêt qui gruge les budgets – Ottawa paie autant en frais d’intérêt qu’en transferts en santé –, il faudra faire des choix difficiles. Pourquoi ne pas commencer par élaguer la fonction publique, comme la CAQ l’avait promis avant de prendre le pouvoir ? Depuis cinq ans, la fonction publique a plutôt augmenté ses effectifs de 12 %, soit 60 500 travailleurs. Oups ! À Ottawa et à Montréal, les effectifs sont aussi en ascension. Vite, à la diète !

Un code obligatoire pour les épiceries

Parlant de diète, les prix à l’épicerie ont fait baver les familles cette année. Et ce n’est pas fini : les prix devraient grimper de 4,5 % en 2024. Que faire ? Ça fait bien trois ans que l’industrie mijote un code de conduite volontaire pour stabiliser les prix. Assez discuté ! Il est temps qu’Ottawa impose un code obligatoire et s’assure que tous les acteurs le suivent, y compris les récalcitrants comme Loblaw. Qui sait, des règles plus saines encourageront peut-être un acteur étranger à s’installer au Canada pour y lancer une guerre de prix.

Le marteau par les cornes !

Alléluia ! L’année 2023 aura été celle durant laquelle on s’est entendu sur le fait qu’il faut construire davantage de logements pour rééquilibrer le marché. Québec et Ottawa ont débloqué 1,8 milliard pour du logement abordable. Bravo ! Mais pour la classe moyenne, l’immobilier reste inabordable, ce qui entraîne une grave iniquité envers les jeunes. La CAQ doit prendre le marteau par les cornes ! L’Ontario et la Colombie-Britannique ont lancé des plans ambitieux. Ici ? Presque rien. Il faut aplanir les contraintes et réduire les délais qui ralentissent les mises en chantier.

Sortir la justice des soins intensifs

Notre système de justice est aux soins intensifs. C’est ainsi qu’on libère, sans procès, des gens accusés d’agression sexuelle et de trafic de drogue. C’est révoltant ! Il faut réinvestir, oui. Mais surtout, il faut optimiser les ressources et éliminer les procédures inefficaces, comme Québec l’a fait en modifiant le traitement des contraventions qui encombrent les cours municipales. Excellent ! Allons plus loin. Un exemple ? En déjudiciarisant les problèmes sociaux qui touchent les gens vulnérables, on éviterait de les ramener en cour à répétition pour des agissements qui ne menacent pas la sécurité publique.

De la santé ! À domicile…

Que serait un réveillon sans les indémodables souhaits de santé ? Le réseau est à genoux. Et la pression va s’accentuer avec le vieillissement de la population auquel nous sommes mal préparés. Tic-tac, tic-tac. Le temps presse. D’ici 2040, le nombre de Québécois en perte d’autonomie va bondir de 70 %. Au lieu de bâtir des places en résidences à un coût astronomique, il faut accélérer le virage des soins à domicile que les aînés préfèrent lorsque leurs besoins sont faibles ou modérés. Le statu quo n’est pas viable.

« Enfants de Palestine ou enfants d’Israël… »

À la veille de Noël, l’air de la chanson Noël des enfants du monde qui réclame « que les fusils se taisent » nous revient tristement aux oreilles. Au moins, on peut se réjouir que le Canada ait finalement voté en faveur d’un cessez-le-feu à l’ONU. Autant il fallait condamner les attaques horribles du Hamas, autant il faut dénoncer la destruction aveugle de Gaza par Israël. Timide jusqu’à maintenant, Ottawa doit faire preuve d’audace pour retrouver la voix qu’il a déjà eue dans le passé sur la scène internationale.

Et vous ?

Et vous, chers lecteurs, quel cadeau voudriez-vous recevoir des élus ? Entre un verre de bulles et une bouchée de tourtière, écrivez-nous ! Sur ce, au nom de La Presse, nous vous souhaitons un très joyeux Noël, à vous et à vos proches.

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, ARCHIVES LA PRESSE

Notre éditorialiste Stéphanie Grammond nous souhaite collectivement une convention collective dans le secteur public, de la productivité et de la santé.

Tout ce qu’on veut pour Noël, c’est…

La grève qui perdure, l’économie qui vacille… Décidément, la fin de l’année n’est pas un cadeau au Québec. Si nos élus étaient les lutins de père Noël, voici ce qu’on aimerait qu’ils déposent sous le sapin pour commencer l’année 2024 du bon pied.

Une convention collective

La grève qui s’éternise est un constat d’échec non seulement pour la Coalition avenir Québec (CAQ), mais aussi pour le modèle québécois qui craque de partout, malgré nos impôts élevés. Pour les enfants privés d’école, pour les patients en manque de soins, pour les travailleurs sans revenus, on souhaite vivement une convention collective qui, au-delà de meilleures conditions de travail, permettra un véritable tournant dans nos services publics en démanche.

De la productivité, s’il vous plaît

On en a eu la confirmation jeudi : le Québec a accusé deux trimestres consécutifs de décroissance économique, ce qui correspond à la définition classique d’une récession. Et le dernier trimestre de 2023 risque aussi d’être dans le rouge, en raison de la grève. Que voulez-vous, c’est le prix à payer pour freiner la surchauffe. Pour rebondir, il faut améliorer la productivité qui traîne la patte. Formation, innovation, numérisation… C’est la meilleure façon d’améliorer notre niveau de vie, tout en limitant l’inflation. Le ministre des Finances du Québec a mené des consultations. On veut des mesures concrètes dans le prochain budget.

La bureaucratie à la diète

Chers élus, chers fonctionnaires, oubliez les soupers d’huîtres et les matchs de hockey aux frais des contribuables. Mot d’ordre : discipline. Avec la hausse des taux d’intérêt qui gruge les budgets – Ottawa paie autant en frais d’intérêt qu’en transferts en santé –, il faudra faire des choix difficiles. Pourquoi ne pas commencer par élaguer la fonction publique, comme la CAQ l’avait promis avant de prendre le pouvoir ? Depuis cinq ans, la fonction publique a plutôt augmenté ses effectifs de 12 %, soit 60 500 travailleurs. Oups ! À Ottawa et à Montréal, les effectifs sont aussi en ascension. Vite, à la diète !

Un code obligatoire pour les épiceries

Parlant de diète, les prix à l’épicerie ont fait baver les familles cette année. Et ce n’est pas fini : les prix devraient grimper de 4,5 % en 2024. Que faire ? Ça fait bien trois ans que l’industrie mijote un code de conduite volontaire pour stabiliser les prix. Assez discuté ! Il est temps qu’Ottawa impose un code obligatoire et s’assure que tous les acteurs le suivent, y compris les récalcitrants comme Loblaw. Qui sait, des règles plus saines encourageront peut-être un acteur étranger à s’installer au Canada pour y lancer une guerre de prix.

Le marteau par les cornes !

Alléluia ! L’année 2023 aura été celle durant laquelle on s’est entendu sur le fait qu’il faut construire davantage de logements pour rééquilibrer le marché. Québec et Ottawa ont débloqué 1,8 milliard pour du logement abordable. Bravo ! Mais pour la classe moyenne, l’immobilier reste inabordable, ce qui entraîne une grave iniquité envers les jeunes. La CAQ doit prendre le marteau par les cornes ! L’Ontario et la Colombie-Britannique ont lancé des plans ambitieux. Ici ? Presque rien. Il faut aplanir les contraintes et réduire les délais qui ralentissent les mises en chantier.

Sortir la justice des soins intensifs

Notre système de justice est aux soins intensifs. C’est ainsi qu’on libère, sans procès, des gens accusés d’agression sexuelle et de trafic de drogue. C’est révoltant ! Il faut réinvestir, oui. Mais surtout, il faut optimiser les ressources et éliminer les procédures inefficaces, comme Québec l’a fait en modifiant le traitement des contraventions qui encombrent les cours municipales. Excellent ! Allons plus loin. Un exemple ? En déjudiciarisant les problèmes sociaux qui touchent les gens vulnérables, on éviterait de les ramener en cour à répétition pour des agissements qui ne menacent pas la sécurité publique.

De la santé ! À domicile…

Que serait un réveillon sans les indémodables souhaits de santé ? Le réseau est à genoux. Et la pression va s’accentuer avec le vieillissement de la population auquel nous sommes mal préparés. Tic-tac, tic-tac. Le temps presse. D’ici 2040, le nombre de Québécois en perte d’autonomie va bondir de 70 %. Au lieu de bâtir des places en résidences à un coût astronomique, il faut accélérer le virage des soins à domicile que les aînés préfèrent lorsque leurs besoins sont faibles ou modérés. Le statu quo n’est pas viable.

« Enfants de Palestine ou enfants d’Israël… »

À la veille de Noël, l’air de la chanson Noël des enfants du monde qui réclame « que les fusils se taisent » nous revient tristement aux oreilles. Au moins, on peut se réjouir que le Canada ait finalement voté en faveur d’un cessez-le-feu à l’ONU. Autant il fallait condamner les attaques horribles du Hamas, autant il faut dénoncer la destruction aveugle de Gaza par Israël. Timide jusqu’à maintenant, Ottawa doit faire preuve d’audace pour retrouver la voix qu’il a déjà eue dans le passé sur la scène internationale.

Et vous ?

Et vous, chers lecteurs, quel cadeau voudriez-vous recevoir des élus ? Entre un verre de bulles et une bouchée de tourtière, écrivez-nous ! Sur ce, au nom de La Presse, nous vous souhaitons un très joyeux Noël, à vous et à vos proches.