Non, Régis Labeaume n’est pas mort.

Normand Brathwaite non plus, contrairement à ce que vous avez lu sur « LAPRESSE.CA ».

Le comédien n’est pas impliqué dans un « scandale mondial », il n’a pas « regretté d’avoir révélé son secret » à Tout le monde en parle, et il n’a pas été « traité de menteur devant des milliers de téléspectateurs en direct » après avoir trouvé une faille dans le système monétaire mondial pour s’enrichir grâce à la cryptomonnaie.

  • Faux article pleurant la « mort » de Normand Brathwaite

    CAPTURE D’ÉCRAN DE FACEBOOK

    Faux article pleurant la « mort » de Normand Brathwaite

  • Faux article pleurant la « mort » de Régis Labeaume

    CAPTURE D’ÉCRAN DE FACEBOOK

    Faux article pleurant la « mort » de Régis Labeaume

  • Faux article faisant état d’une « poursuite » contre Normand Brathwaite

    CAPTURE D’ÉCRAN DE FACEBOOK

    Faux article faisant état d’une « poursuite » contre Normand Brathwaite

  • Faux article faisant état d’un « scandale mondial » visant Normand Brathwaite

    CAPTURE D’ÉCRAN FOURNIE PAR JEAN-FRANÇOIS DEMERS

    Faux article faisant état d’un « scandale mondial » visant Normand Brathwaite

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Tout ça est faux.

Et tout ça circule impunément sur Facebook depuis deux ans, sous le logo de La Presse, le bouton jaune « Je soutiens La Presse », le lien lapresse.ca… qui mène à un site frauduleux qui tente de vous soutirer des centaines de dollars, et qui réussit parfois, hélas, à le faire.

Le même stratagème utilise d’autres fois l’habillage du journal Le Monde, de la CBC ou de CTV. Il met beaucoup en vedette Normand Brathwaite, mais aussi parfois Véronique Cloutier, Claude Legault ou Marie-Claude Barrette.

J’en parle pour vous appeler à la plus grande prudence quand vous voyez ce genre de statuts sur les réseaux sociaux, mais aussi pour vous expliquer pourquoi nous n’arrivons pas à les éliminer, malgré toutes nos tentatives, interventions juridiques et mises en demeure depuis mai 2022…

Ces sites de fausses nouvelles ont beau avoir été dénoncés par une grande quantité de médias partout au pays, ils reviennent chaque mois comme de la mauvaise herbe, à la grande colère des personnalités dont l’identité est usurpée.

Et vous le devinez : nous partageons tout à fait cette colère. En plus de la photo de ces artistes, c’est notre image de marque qui circule, et les fraudeurs se servent de la crédibilité qui s’y rattache pour appâter leurs victimes.

Comble de l’ironie : Facebook a banni les vraies nouvelles de La Presse de sa plateforme depuis août dernier… mais laisse circuler les fausses nouvelles de « La Presse ». Et récolte même une commission par la bande, car ce sont des contenus commandités !

Ajoutons à ça que l’usager derrière ces contenus est souvent Mike Olbinski. Un homme en chair et en os qui existe pour vrai, mais dont l’identité et la page Facebook ont été piratées, sans que Facebook y fasse quoi que ce soit.

C’est une sorte d’immense trou noir créée par les géants du web, dans lequel sont aspirés des vedettes et des médias, totalement impuissants face à cette utilisation de leur image.

Et c’est bel et bien de l’impuissance que nous ressentons à La Presse, même si nous ne sommes pas dépourvus de ressources. Notre équipe d’avocats travaille depuis des mois pour faire disparaître ces statuts frauduleux.

En plus de l’envoi de deux mises en demeure officielles, nos avocats Patrick Bourbeau et Jean-François Demers ont échangé avec les représentants du service à la clientèle de Meta (tantôt une certaine Beulah, tantôt Ember)… et la lecture de ces échanges vous ferait dresser les cheveux sur la tête.

D’abord, les réponses de Meta suintent la déresponsabilisation la plus crasse. À chaque courriel reçu, la personne à l’autre bout des courriels répond qu’on n’a pas envoyé la bonne chose, la bonne image, le bon URL, et pousse ainsi le problème en avant.

Ensuite, le ping-pong de courriels (tous en anglais, bien sûr) s’étire sur des semaines et des semaines, sans mener nulle part.

Et enfin, la réponse finale envoyée par Facebook est ahurissante : « Merci de nous avoir contactés. Nous avons examiné votre rapport et il n’est pas certain que le contenu signalé porte atteinte à vos droits de marque. »

En ajoutant cet insultant point d’orgue : « Pour en savoir plus sur la propriété intellectuelle, veuillez consulter la section Propriété intellectuelle du Centre d’aide »…

Emoji tête qui explose 🤯.

Peut-être vaudrait-il la peine de les poursuivre en justice après deux ans de démarches infructueuses, dites-vous ?

Pas si évident. Est-ce que nous souhaitons vraiment canaliser des sommes importantes vers une bataille juridique qui serait évidemment longue et très coûteuse ? Et ce, pour un résultat qui est loin d’être assuré ?

Imaginez si on lançait une poursuite contre Meta, l’une des entreprises les plus riches du monde, établie aux États-Unis, dans un contexte législatif qu’on sait terriblement favorable aux géants du web : on en aurait pour des années et des millions de dollars. Et une fois le jugement déposé, les fraudeurs n’auraient qu’à s’inventer d’autres faux sites, avec d’autres adresses, d’autres fraudes.

On touche ici à l’impunité totale des géants du web, dont on a une énième confirmation.

Une impunité renforcée par le fait qu’il n’y a que les États – et encore – qui sont capables de se battre avec eux.

Une impunité qui leur permet de regarder ailleurs quand il est question de désinformation et de fausses nouvelles, même si leurs plateformes en sont en grande partie responsables.

Une impunité, en plus, qui leur permet d’éliminer toute trace de nouvelles véridiques de leur plateforme, tout en se disant incapables de retirer ces fausses nouvelles qui augmentent la confusion… et leurs bénéfices, bien sûr.

Lisez l’article « Fausses nécrologies : des pièges à clics qui exploitent la mort » Lisez l’article « Facebook : stop aux médias, feu vert à leurs usurpateurs »