On a appris, cette semaine, que le gouvernement fédéral avait octroyé, en 2019, un contrat en informatique au cabinet McKinsey, se terminant en 2100. 2100 ! Hé boy ! Faut vouloir ! C’est plus que de la confiance, c’est de l’amour !

Comment, dans une négociation, peut-on s’engager avec un cabinet-conseil jusque-là ? Qu’est-ce qui a bien pu se produire ?

Retour vers le passé…

TRUDEAU : Monsieur de McKinsey, selon vous, notre contrat en informatique, il devrait prendre fin quand ?

McKINSEY : Monsieur Trudeau, avant de vous répondre, j’aimerais savoir si je suis payé pour vous donner ce conseil-là. 

TRUDEAU : Bien sûr, ça, c’est un autre contrat, qu’on va négocier après.

McKINSEY : OK d’abord. Alors, l’informatique, c’est quand même une grosse job. Si on veut bien vous conseiller, faut avoir le temps de penser à notre affaire.

TRUDEAU : 2029 ?

McKINSEY : Après, faut prendre le temps de bien vous l’expliquer.

TRUDEAU : 2039 ?

McKINSEY : Pis après, faut que vous ayez le temps de le comprendre.

TRUDEAU : 2059 ?

McKINSEY : Quand vous allez finalement être prêts à passer à l’action, faut qu’on revérifie nos conseils, au cas où, avec tout le temps passé, il y aurait de meilleurs conseils que nos premiers conseils…

TRUDEAU : 2069 ?

McKINSEY : Tant qu’à faire, faisons un chiffre rond.

TRUDEAU : 2070 ?

McKINSEY : Non, un chiffre vraiment rond. Un chiffre rond rond…

TRUDEAU : 3000 ?

McKINSEY : Quand même !

TRUDEAU : 2100 ?

McKINSEY : Excellent !

TRUDEAU : Oui, mais en 2100, ce ne sera plus moi, le premier ministre.

McKINSEY : Ça va être votre fils ou votre fille !

TRUDEAU : Ou mon petit-fils ou ma petite-fille !

McKINSEY : OK, alors, deal ?

TRUDEAU : Deal ! Maintenant, j’aurais besoin d’un autre conseil à propos d’une conseillère que je pense nommer en 2023…

Voilà. Le mystère du contrat de 81 ans est percé.

Ce qu’il y a de plus choquant dans cette nouvelle, ce n’est pas tant la durée du contrat que le chiffre, 2100. Ça donne un coup.

2100, on n’avait jamais pensé à cette année-là, avant. Même la suite de 2001, l’Odyssée de l’espace n’allait pas aussi loin.

Ça se passait en 2010. Une mission spatiale, composée de Russes et d’Américains, se dirige vers Jupiter, pour tenter de ramener le vaisseau Discovery sur Terre, toujours sous l’emprise du méchant ordinateur HAL. Il ne s’est rien passé de tout cela, en 2010 : le frère André a été canonisé et Céline a eu des jumeaux.

Dans Retour vers le futur 2, Marty McFly se rendait seulement cinq ans plus loin, en 2015. Les autos volent, les gens aussi, sur leurs hoverboards, et les souliers se lacent tout seuls. Il ne s’est rien passé de tout cela, non plus, en 2015 : Montréal était rempli de cônes orange et Justin Trudeau a pris le pouvoir.

Allez donc savoir de quoi aura l’air le monde en 2100. Le Canadien sera-t-il toujours en reconstruction, en 2100 ? Le troisième lien à Québec sera-t-il construit, en 2100 ? Le système de santé québécois sera-t-il efficace, en 2100 ? Will we still speak French, in 2100 ? L’humanité existera-t-elle toujours, en 2100 ?

Selon les projections des scientifiques, la Terre comptera 11 milliards d’habitants, en 2100. Il fera plus chaud de 5 °C (ce serait le fun aujourd’hui, mais plus dramatique, au mois d’août). Ce réchauffement causerait une crise énergétique, une pénurie d’eau, de nourriture et d’habitat.

Bref, ça ira pas ben, en 2100.

Le gouvernement fédéral aura donc, encore besoin de beaucoup de conseils, en 2100, mais avant de renouveler le contrat avec la firme McKinsey, j’espère qu’il va se demander si c’est à cause des conseils reçus qu’on est rendus dans le caca à ce point-là.

Voilà mon conseil.

Et c’est gratuit.

Et tant qu’à faire, un autre conseil gratis, pour vous, mes chères lectrices et chers lecteurs : habillez-vous chaudement, aujourd’hui.