Alors que le gouvernement du Québec et certaines villes québécoises mettent de l’avant des installations inclusives comme les vestiaires universels – donc non genrés –, trois plaintes formulées en un mois par des femmes à la piscine de l’Université de Montréal illustrent les difficultés que ce type de local peut soulever.

La situation a été rapportée dans le journal étudiant Quartier Libre.

Une réfection majeure est en cours à la piscine du CEPSUM, le complexe sportif de l’Université de Montréal, au coût de 12 millions.

Avant les travaux comme après, il y aura trois types de vestiaires : l’un pour femmes, l’un pour hommes et un autre, universel, qui vise à accueillir aussi bien les familles qui fréquentent la piscine – essentiellement la fin de semaine – que les personnes trans ou non binaires mal à l’aise avec un vestiaire genré.

Comme l’explique Julie Cordeau-Gazaille, attachée de presse de l’Université de Montréal, pendant la durée des travaux, « l’accès au vestiaire des femmes a dû être réaménagé, ce qui a fait en sorte que les femmes sont obligées de sortir de l’enceinte de la piscine, pour traverser tout un corridor où se trouvent les casiers de la communauté étudiante. La plupart des femmes ont donc cessé de l’utiliser pour se rabattre sur le vestiaire universel ».

Et ça ne s’est pas très bien passé. L’Université de Montréal confirme que la direction du CEPSUM a reçu « quelques plaintes » de « femmes qui avaient un sentiment de malaise », comme le rapporte Quartier Libre.

Le journal étudiant de l’UdeM évoque une situation d’intimidation ressentie par une femme alors qu’elle se trouvait seule avec un groupe d’hommes dans le vestiaire universel. Le journal étudiant parle aussi de plaintes portant sur des regards insistants.

« C’est pour répondre à cet enjeu que la direction du CEPSUM a pris la décision que le vestiaire universel serait uniquement accessible aux femmes en semaine jusqu’à la fin des travaux », indique Mme Cordeau-Gazaille.

« Souci d’inclusion »

Les vestiaires universels sont monnaie courante depuis des décennies dans les centres sportifs. Ils ont d’abord été faits pour satisfaire aux besoins des familles qui vont faire du sport avec de jeunes enfants.

Au fil des années, comme l’explique un document du gouvernement du Québec, les vestiaires universels se sont multipliés « dans un souci d’inclusion ».

« Qu’il s’agisse de la préparation à la baignade […], les vestiaires genrés traditionnels comportent plusieurs inconvénients », notamment « pour les personnes trans et non binaires, qui pourraient ressentir un inconfort en utilisant les vestiaires non mixtes », « pour les familles, quand des enfants accompagnés ne sont pas du même sexe que le parent accompagnateur », « pour les personnes à mobilité réduite » […] et « pour les groupes scolaires. »

À l’inverse, toujours selon le même document du gouvernement du Québec sur la question, « les vestiaires universels présentent de nombreux avantages : réduction de la discrimination liée à l’identité ou à l’expression de genre, amélioration de l’expérience des familles […] sécurité accrue dans les zones communes ».

Au contraire, dans le cas du CEPSUM, le sentiment de sécurité des femmes a été mis à mal par les installations temporaires avant que l’Université de Montréal réserve le vestiaire universel aux seules femmes pendant les travaux (les personnes voulant avoir accès à un vestiaire non genré pouvant réclamer une clef pour avoir accès à un petit local individuel).

À la lumière des plaintes et des expériences dénoncées par des usagères, Alecsandre Sauvé-Lacoursière, secrétaire général de la Fédération des associations étudiantes du campus de l’Université de Montréal, conclut qu’il y a encore « beaucoup de sensibilité à faire sur les violences à caractère sexuel et sur l’incivilité ».

Interpellée pour connaître son appréciation des vestiaires actuels et à venir, l’Alternative, qui explique sur sa page internet être un regroupement pour les personnes 2sLGBTQIA+de l’Université de Montréal, n’a pas donné suite à nos demandes.