(Montréal) La crise du logement est devenue l’une des principales causes de stress chez les personnes en psychiatrie, selon des organismes québécois, qui implorent Québec d’intervenir.

« On a su récemment à travers le chef d’un service de psychiatrie d’un hôpital montréalais que le logement est le principal stresseur en santé mentale de toutes les personnes qui font appel aux services de psychiatrie », a dit le co-coordonnateur au Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ), Martin Blanchard, en conférence de presse, dimanche.

La crise du logement crée une « pression sur la santé mentale » des locataires, indique M. Blanchard. « Imaginez que quelqu’un rentre chez vous, puis dit : “tu t’en vas de chez toi”. Si on refuse, il va faire des réparations intempestives, il va faire de l’intimidation et du harcèlement. Ça devient invivable. »

Les ressources alternatives en santé mentale notent une hausse du stress, de l’anxiété, de la détresse, de l’insomnie, des pensées suicidaires et des pensées dépressives, dit Anne-Marie Boucher, co-coordonnatrice du Regroupement des ressources alternatives en santé mentale du Québec (RRASMQ). « Il y a beaucoup de gens qui vivent dans la peur de perdre leur logement. »

Elle craint qu’on se mette à médicaliser la crise du logement.

C’est-à-dire qu’on prend en charge par la psychiatrie, par les services d’urgence, une détresse qui est causée par des conditions de vie qui sont le fruit d’une inaction politique pendant des décennies.

Anne-Marie Boucher, co-coordonnatrice du RRASMQ

« Ce stress-là me pèse énormément »

Itinérance cachée, colocation, logements insalubres : le président du conseil d’administration du Centre de soir Denise-Massé, Denis Plante, voit également au quotidien les impacts de cette crise du logement. « Ces personnes vont devoir souvent tolérer des situations inacceptables parce qu’elles ne peuvent pas déménager, faute de moyens », dit-il.

On a beaucoup de personnes qui sont obligées de sacrifier leurs conditions de vie pour s’assurer d’avoir un toit, souvent au détriment de leur santé physique et mentale.

Denis Plante, président du conseil d’administration du Centre de soir Denise-Massé

M. Plante voit régulièrement des gens qui sont obligés de choisir entre payer leur loyer, manger ou payer leurs médicaments.

C’est le cas de Peter Belland, du RRASMQ. Il a recours aux banques alimentaires tous les mois, puisque son loyer représente près de 80 % de son revenu. « Ce stress-là me pèse énormément », dit celui qui souffre déjà de dépression.