En cette période de crise du logement, même les loyers censés être abordables ne sont pas épargnés par des hausses salées.

Parmi les appartements gérés par la Société d’habitation de Montréal (SHDM), une organisation paramunicipale, certains verront leur loyer augmenter de plus de 10 %, en raison de la hausse des taxes, des primes d’assurance et des travaux d’entretien et de rénovation.

Au cours des trois dernières années, la société avait décidé de plafonner ses augmentations à 4 %.

L’augmentation moyenne pour cette année est de 5,45 % pour l’ensemble du parc immobilier géré par la SHDM, qui compte 3771 appartements. Mais pour ceux qui font face à des hausses supérieures à la moyenne, la pilule est difficile à avaler et le budget risque d’être difficile à boucler. Notamment, la hausse dépassera 10 % pour 193 ménages.

Dans l’édifice Le Rigaud, situé rue Sherbrooke, dans Le Plateau-Mont-Royal, où logent des locataires de plus de 55 ans, les loyers vont augmenter de 6,8 %.

« Beaucoup de locataires ici sont juste un peu trop riches pour avoir droit aux aides gouvernementales, mais ils sont trop pauvres pour être à l’aise et ils auront du mal à payer cette hausse », déplore Irène Mayer, présidente du Comité des locataires du Rigaud.

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La présidente du Comité des locataires du Rigaud, Irène Mayer

Elle-même paiera près de 1000 $ par mois pour son studio au 20étage de l’immeuble, une fois que la hausse de 60 $ sera appliquée.

La SHDM rétorque que « les loyers du Rigaud, après augmentations, demeurent à 77,8 % du loyer marchand du secteur pour ce type de bâtiment et restent donc abordables », indique le responsable des communications, Julien Serra.

Taxes et assurances grimpent en flèche

« Pour notre parc résidentiel, les taxes ont augmenté de 5,57 %. Pour ce qui est des primes d’assurance, elles ont augmenté de 18,56 % entre 2022 et 2023. Les travaux dans les immeubles expliquent également les augmentations », poursuit-il, pour justifier le fait que la SHDM ne pouvait plus se permettre de limiter les hausses de loyers à 4 %.

Pour Benoit Dorais, responsable de l’habitation au comité exécutif de la Ville de Montréal, la SHDM a agi de façon « exemplaire » dans ses calculs sur la hausse des loyers et en communiquant ces informations aux locataires.

Il souligne que l’organisation a suivi les règles du Tribunal administratif du logement (TAL) pour justifier les augmentations, qu’elle a écrit deux fois aux locataires de l’édifice Le Rigaud pour leur expliquer la situation et qu’elle a mis à leur disposition toutes les preuves nécessaires.

On comprend que, pour les 193 ménages qui ont des hausses de 10 %, ça représente des montants supplémentaires chaque mois, mais certains ont eu des augmentations de seulement 2 ou 3 %.

Benoit Dorais, responsable de l’habitation au comité exécutif de la Ville de Montréal

La société paramunicipale administre des immeubles de logements abordables destinés à des personnes de plus de 55 ans et d’autres disponibles pour tous.

Pour les appartements occupés par une clientèle plus âgée, le loyer moyen est de 883 $, ce qui représente 71 % des loyers médians de bâtiments comparables sur le marché. Dans les autres édifices de la SHDM ouverts à tous, le loyer moyen est de 768 $, soit 72 % des loyers médians sur le marché.

La SHDM possède aussi des immeubles qui accueillent des clientèles plus vulnérables, comme des maisons de chambres, qui sont gérés par d’autres organisations. Le loyer moyen y est de 654 $, soit 69 % des loyers médians sur le marché.

« Ils réussissent à maintenir les loyers à 71 % des prix du marché, sans subventions, alors c’est très appréciable, souligne Benoit Dorais. Et leurs locataires sont certains qu’ils ne seront pas “rénovincés”. »