Le retour des beaux jours est synonyme d’éternuements, d’yeux rouges et de nez qui coule pour bon nombre de Québécois. Mais des solutions existent pour essayer de faire diminuer les symptômes des allergies saisonnières.

Une situation qui s’aggrave

Il y a 10 ans, un adulte sur cinq déclarait souffrir d’allergies saisonnières. Et la situation se détériore, année après année. « Aujourd’hui, on est plus à une personne sur quatre », estime le DRémi Gagnon, président de l’Association des allergologues et immunologues du Québec.

Les principaux pollens qui causent le rhume des foins sont ceux des arbres, des graminées et de l’herbe à poux.

Or, selon l’Observatoire québécois de l’adaptation aux changements climatiques (OQACC), les étés plus chauds que connaîtra le Québec dans les années à venir favoriseront la propagation de l’herbe à poux dans des régions où elle n’était jusqu’alors pas ou que peu présente.

De même, en raison des changements climatiques, les printemps hâtifs et les premières gelées tardives risquent d’allonger la saison du rhume des foins. « C’est déjà le cas en Europe, où les saisons des graminées sont beaucoup plus longues que chez nous », souligne l’allergologue.

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Plants d’herbe à poux à Montréal

Des solutions préventives ?

Selon une enquête réalisée en 2019 par l’OQACC, plus de la moitié des Québécois allergiques au pollen ont des symptômes sévères qui affectent leur qualité de vie au quotidien. Outre les symptômes classiques du rhume des foins, les répondants rapportent des problèmes de productivité au travail ou dans leurs études, de concentration et de sommeil.

Il existe quelques solutions, plus ou moins draconiennes, pour diminuer son exposition aux pollens. Porter des lunettes de soleil à l’extérieur, ne pas trop ouvrir les fenêtres de sa résidence ou de sa voiture, se laver et changer de vêtements dès que l’on rentre chez soi, éviter de sortir lors de journées trop chaudes ou venteuses, installer un système qui recycle l’air ambiant et qui comprend un filtre à pollens…

Mais ces solutions restent contraignantes et un tiers des personnes allergiques admettent qu’il est difficile de les adopter dans leur vie quotidienne. « Ça n’a pas vraiment de bon sens d’enfermer les gens chez eux quand on a des alternatives thérapeutiques », soutient le DGagnon.

Quels traitements ?

Les médicaments sont aussi une solution qui peut être envisagée – 80 % des personnes allergiques déclarent en consommer. Il en existe deux sortes : les antihistaminiques qui traitent les symptômes, et les corticoïdes qui s’attaquent directement à l’inflammation des muqueuses.

Cependant, le remède miracle n’existe pas : seul un tiers des personnes qui ont essayé des médicaments en vente libre les ont trouvés efficaces. Même ceux sous ordonnance n’ont permis de diminuer les symptômes qu’une fois sur deux. « Souvent, ces médicaments sont mal prescrits », explique l’allergologue. « On les commence trop tard ou on ne les prend pas assez longtemps. »

En dernier recours, il est possible de se faire désensibiliser. Ainsi, 16 % des répondants ont dit suivre un tel traitement. Mais le processus peut prendre plusieurs années.

S’attaquer à la cause ?

La solution serait peut-être de prendre le problème à la racine : réduire directement la quantité d’allergènes présents dans l’air.

Par exemple, des campagnes d’arrachage de l’herbe à poux ont été menées dans les années 1930 en Gaspésie : un pari réussi, puisque la plante est encore peu présente dans la région, près d’un siècle plus tard. Encore aujourd’hui, le gouvernement recommande de tondre ou d’arracher cette mauvaise herbe qui cause chaque année des allergies à près d’un million de Québécois.

L’OQACC suggère également d’éviter de planter des essences d’arbres particulièrement allergènes (bouleaux, peupliers, frênes) dans des quartiers densément peuplés. Une étude menée par le PaqLab – une équipe de recherche de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) – est d’ailleurs en cours pour quantifier les pollens présents sur l’île de Montréal. En croisant ces données avec un sondage réalisé auprès de personnes allergiques, les scientifiques espèrent pouvoir aider la ville à mieux aménager ses forêts urbaines.

« Ce sont des pistes intéressantes, car ce n’est pas banal d’avoir des allergies, ça induit d’autres problèmes de santé », rappelle le DGagnon. « Certains patients arrivent à la fin de l’été dépressifs, fatigués. C’est important de prendre le contrôle de ça avec de bonnes approches. »