Les fortes quantités de pluie qui se sont abattues dimanche et lundi ont fait déborder des rivières dans plusieurs secteurs de la province et forcé la fermeture de routes. À Montréal, un record de précipitations vieux de 20 ans a été battu, au moment où l’espoir d’un Noël blanc semble plus faible que jamais.

Lundi, les alertes ont fusé à travers le Québec pour prévenir les résidants que les rivières de leur secteur étaient à risque de déborder. En fin de soirée, 11 stations de surveillance avaient relevé une situation « d’inondation mineure » sur 9 rivières, selon le site de surveillance de la crue des eaux du gouvernement du Québec.

Il s’agit des rivières Chaudière, Hurons, Jacques-Cartier, Noire, Portneuf, Bras-du-Nord, Yamaska, Rigaud et Sainte-Anne.

Par ailleurs, les rivières couvertes par 19 autres stations étaient « sous surveillance » en raison de la hausse du niveau de l’eau. Dans la région de la Capitale-Nationale, les pluies diluviennes ont forcé la fermeture de plusieurs routes et ponts, a annoncé le ministère des Transports et de la Mobilité durable en soirée. Ce n’est pas la seule région touchée.

Des ponts et routes ont aussi été barrés dans toutes les régions qui longent le fleuve Saint-Laurent, de même qu’en Estrie et au Saguenay–Lac-Saint-Jean.

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Sur les réseaux sociaux, plusieurs municipalités de la province ont alerté les citoyens sur les risques d’inondations en cours ou à venir. Un avis d’évacuation a notamment été émis lundi soir à Saint-Félix-de-Valois, dans Lanaudière, en raison d’un embâcle sur la rivière L’Assomption, selon la page Facebook de la municipalité.

« Le sol gelé a une capacité réduite pour absorber cette quantité de pluie », a prévenu Environnement Canada dans un bulletin météorologique spécial. L’agence a précisé que des nappes de brouillard devraient s’inviter à ce cocktail météo.

Des précipitations diluviennes

« On est vraiment au-dessus de la moyenne », a affirmé la météorologue chez Environnement Canada Michèle Fleury, en entrevue avec La Presse.

En fin de soirée, le bilan des précipitations variait de 50 à 70 millimètres de pluie dans la majorité des régions, a indiqué la météorologue Brigitte Bourque. Ce niveau était toutefois plus élevé dans certains secteurs.

La métropole a reçu 82 millimètres de pluie lundi. A priori, tout indique que cela permettra de fracasser un record vieux de deux décennies.

« La normale de pluie pour une journée en décembre à Montréal, c’est environ 40 millimètres. Là, on va atteindre le double, donc ça vous donne une idée. Et le record, c’était jusqu’ici de 51 millimètres, le 11 décembre 2003. On l’a déjà dépassé au moment où on se parle », a expliqué Mme Fleury.

Sur X, le météorologue Gilles Brien a même évoqué que lundi marquera « la journée la plus pluvieuse à Montréal pour un mois d’hiver jamais vue depuis le début des observations en 1871 ». M. Brien a affirmé qu’un record de température datant de 102 ans venait également d’être battu à Montréal pour un 18 décembre, avec 9 degrés Celsius. L’ancienne marque à ce chapitre était de 8,9 degrés, en 1921.

En fin de soirée, la ville de Québec avait reçu 51 millimètres de pluie. Les précipitations n’étaient pas tout à fait terminées plus au nord, dans les secteurs de Saguenay, de La Tuque et du Lac-Saint-Jean, a précisé Mme Bourque.

« Mince espoir » pour le Noël blanc

Venu de la côte Est, ce système dépressionnaire continuera mardi de se déplacer vers l’est. Les régions de la Côte-Nord, de la Basse-Côte-Nord et de la Gaspésie, surtout au sud, devraient être affectées jusqu’à mardi avec des quantités similaires de pluie attendues.

Plus le temps avance, plus la possibilité d’un Noël blanc s’amenuise, la pluie faisant fondre le peu de neige qui restait au sol dans plusieurs régions. Mais il reste encore une petite possibilité, soutient Mme Fleury, d’un ton optimiste.

« Il reste un mince espoir parce qu’on pourrait avoir de la neige autour du 24 ou du 25 décembre, mais même si ça survient, ça ne serait pas une grosse bordée. On aurait probablement juste de quoi faire un petit tapis blanc pour Noël », avance-t-elle.

Selon la spécialiste, les températures ont globalement été « au-dessus des normales depuis l’automne et presque tout le mois de décembre sur le centre du pays, incluant le Québec ».

Dans une analyse, MétéoMédia note de son côté que « le vaste système dépressionnaire qui touche actuellement le Québec est une aberration à l’échelle mondiale. Dans toute l’Amérique du Nord, le Québec et les provinces maritimes sont les endroits où l’anomalie de température est la plus importante ». « La capitale provinciale vivra ce lundi sa journée la plus chaude de l’hiver météorologique, où les températures devraient atteindre 15 °C. La température moyenne diurne y est normalement de -6 °C », affirme le média.

Les stations de ski comptent fabriquer de la neige pour les Fêtes

En raison de la pluie, plusieurs stations de ski ont dû fermer lundi pour « préserver les conditions de neige », a indiqué par courriel Josée Cusson, directrice des communications et du marketing de l’Association des stations de ski du Québec. Cependant, certaines ont investi pour faire face aux redoux de plus en plus fréquents en décembre en raison de changements climatiques, assure-t-elle.

« Les nouveaux équipements permettent de produire de la neige à des températures marginales. Auparavant les équipements étaient en mesure de fabriquer de la neige de qualité à partir de -7, maintenant la technologie permet la fabrication autour de -4 », a expliqué Mme Cusson. Selon elle, dès mardi, les températures plus froides vont permettre la reprise de la fabrication de la neige et le travail des pistes. Rappelons que la période des Fêtes représente entre 15 à 20 % de l’achalandage global de la saison de ski. « Le seul endroit où il y aura de la neige à Noël est dans les stations de ski », souligne Mme Cusson.

Zoom sur les Maritimes

Certains secteurs dans l’est de la province, comme Matane et Natashquan, étaient aussi visés par un avertissement de vents. Des rafales à 90 km/h sont prévues lundi soir ou au courant de la nuit. Dans les Maritimes, plusieurs régions du Nouveau-Brunswick pourraient également connaître des épisodes de rafales de 90 à 110 km/h d’ici mardi. Les chutes de pluie prévues sont de 30 à 50 millimètres, mais près de 80 ou 100 millimètres par endroits dans les régions où la pluie sera la plus forte, indique Environnement Canada. L’agence météorologique prévoit également sur les côtes des niveaux d’eau élevés pendant la nuit, ce qui entraînera un risque d’inondation le long des parties centrale et orientale de la côte atlantique de la Nouvelle-Écosse.

Avec La Presse Canadienne