Les travailleurs du front commun syndical du secteur public seront en grève jusqu’à 10 h 30 le 6 novembre dans les écoles primaires et secondaires. L’incertitude demeure à savoir si les établissements ouvriront leurs portes pour le reste de la journée.

De nombreux services publics seront perturbés le 6 novembre, lors de la première journée de grève du front commun regroupant environ 70 % des employés de l’État.

La grève aura lieu de minuit à 10 h 30 dans les écoles primaires et secondaires. « Si l’employeur décide de rouvrir les écoles à 10 h 30, on va être là, et s’il décide de ne pas ouvrir, ce sera leur décision », a expliqué François Enault, premier vice-président de la CSN. Pour leur part, les employés des cégeps seront en grève de minuit à midi.

Les enseignants affiliés à la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), comme ceux du Centre de services scolaire de Montréal, ne font pas partie du front commun. Pour le moment, ils n’ont pas prévu faire la grève le 6 novembre, bien qu’ils détiennent un mandat de grève générale illimitée, a indiqué l’Alliance des professeurs de Montréal.

« Une grève, il n’y a pas de gagnant, surtout pas les enfants, surtout pas les élèves. Je fais confiance à la négociation et j’espère un règlement pour éviter une grève », a déclaré le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, en mêlée de presse jeudi.

Les services essentiels maintenus

Dans le réseau de la santé et des services sociaux, les employés feront la grève dans une proportion de 20 à 50 % de leur temps de travail, selon leur type d’emploi et les fonctions qu’ils occupent. Les services essentiels seront maintenus. Le Tribunal administratif du travail a rendu l’été dernier plusieurs décisions touchant les services essentiels à maintenir en cas de grève. Par exemple, aux unités de soins affiliées à l’APTS pour la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ), les services à l’accueil doivent être maintenus à 85 %.

« J’espère que les syndicats d’infirmières ne vont pas prendre les patients québécois en otage avec la grève qu’ils annoncent », a réagi jeudi matin le premier ministre François Legault en mêlée de presse au parlement.

La proposition actuelle de la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, prévoit des hausses salariales de 9 % sur cinq ans, le versement d’un montant forfaitaire de 1000 $ et des bonifications de 2,5 % pour certaines catégories de travailleurs. Pour sa part, le front commun syndical demande des augmentations salariales représentant environ 20 % sur trois ans.

François Legault a toutefois fait miroiter à nouveau une offre bonifiée. « Ce n’est jamais facile des négociations de convention collective. […] On va bonifier cette offre. Sonia LeBel dimanche va bonifier cette offre. On veut vraiment régler », a-t-il déclaré jeudi.

« Absolument rien qui a bougé »

Le front commun syndical a confirmé jeudi la tenue d’une première journée de grève. « On vivra le 6 novembre un premier mouvement historique. Il faut remonter à une cinquantaine d’années pour que 420 000 travailleuses et travailleurs du secteur public débraient ensemble en même temps », a déclaré d’emblée le président de la CSQ, Éric Gingras, lors d’une conférence de presse jeudi matin.

« Avant d’arriver à cette grève au 6 novembre, on a tout tenté pour essayer d’avoir un règlement. Samedi, ça va faire un an qu’on a déposé nos demandes et à la table centrale, il n’y a absolument rien qui a bougé », a déclaré Robert Comeau, président de l’APTS.

Pour sa part, la présidente de la FTQ, Magali Picard, souhaite que la population soit au rendez-vous pour appuyer les employés. « Est-ce que la population sera en colère contre les travailleuses et travailleurs de l’État ? J’espère que non. Personne n’aime faire la grève et personne n’aime subir les effets de la grève. On en est très conscient », a-t-elle déclaré en conférence de presse jeudi matin.

De son côté, la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, a déclaré « faire tout en [son] pouvoir pour trouver un règlement le plus rapidement possible ». « Je parle d’un quatrième dépôt, mais j’ai fait des avancées également aux tables sectorielles et j’ai fait une réduction significative des demandes patronales. » Elle soutient qu’il y a « très peu de mouvement de la part syndicale ».

Avec Hugo Pilon-Larose, Tommy Chouinard, Charles Lecavalier et Marie-Eve Morasse