Les infirmières de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) appuieront massivement le déclenchement d’une grève, dans une proportion de 95 %.

C’est ce qu’a annoncé le syndicat national sur les réseaux sociaux, mercredi soir, à l’issue de deux jours de vote électronique. La FIQ s’est ainsi réjouie que ses quelque 80 000 membres — des infirmières, mais aussi des inhalothérapeutes ainsi que des perfusionnistes — « lancent un message fort au gouvernement ». Cette grève aura lieu les 8 et 9 novembre prochains, a par ailleurs annoncé la FIQ.

Dans un communiqué, la présidente de la FIQ, Julie Bouchard, a parlé « d’un mandat fort pour dire au gouvernement que les propositions qu’on reçoit à la table de négociation sont inacceptables ». « Déjà que nos conditions de travail sont très difficiles, ce que François Legault veut faire c’est les dégrader encore plus en nous traitant comme des pions interchangeables. Il n’a aucun respect pour notre jugement professionnel ou notre vie personnelle. Que les gestionnaires d’établissement se préparent : la grève s’en vient », a-t-elle dit.

C’est fini l’époque où on pouvait imposer aux professionnelles en soins des conditions que d’autres travailleurs, des hommes, refuseraient. On veut être payées à notre juste valeur, à la hauteur de notre expertise.

Julie Bouchard, présidente de la FIQ

La décision de tenir ce vote avait initialement été prise il y a deux semaines par une instance de l’organisation syndicale, qui représente la grande majorité des infirmières, infirmières auxiliaires, inhalothérapeutes et perfusionnistes cliniques au Québec.

Ce sont quelque 500 déléguées de la FIQ qui avaient d’abord adopté à plus de 99 % la proposition sur le mandat de grève illimitée.

Rappelons que la FIQ avait récemment réduit ses demandes dans l’espoir de faire avancer sa négociation avec Québec, qui dure depuis plusieurs mois. Les conventions collectives du secteur public sont échues depuis le 31 mars dernier, mais les négociations avaient débuté avant.

Le principal point de litige concerne les exigences de mobilité et de polyvalence attendues de la part des infirmières, qui pourraient être déplacées d’établissement de santé, d’unité de soins ou de quart de travail, sans trop de préavis, pour combler des manques de personnel, selon l’interprétation que fait la FIQ des offres gouvernementales.

Québec, de son côté, affirme vouloir revoir l’organisation du travail pour assurer un meilleur fonctionnement et avoir besoin de plus de flexibilité. La FIQ réclame aussi une loi sur des ratios sécuritaires infirmière/patients, afin de réduire le fardeau de tâches.

Tout cela survient à peine quelques heures après que le front commun syndical réunissant 420 000 travailleurs des secteurs public et parapublic, dont la FIQ ne fait toutefois pas partie, a annoncé qu’il sera également en grève le 6 novembre. Le premier ministre François Legault a d’ailleurs promis dans la foulée de « bonifier » son offre dimanche.

Le front commun intersyndical regroupe la CSQ, l’APTS, la FTQ et la CSN. Ces syndicats avaient quant à eux consulté leurs membres syndicat par syndicat sur une période de quatre semaines. La plupart des syndicats du front commun ont également appuyé la grève dans des taux avoisinant 90 %.

Avec La Presse Canadienne