De nouvelles pistes cyclables seront aménagées dans la capitale, notamment sur le chemin Sainte-Foy

(Québec) À peine est-il revenu d’une mission à Copenhague que le maire de Québec annonce l’aménagement de nouvelles pistes cyclables dans la capitale. Bruno Marchand se défend de « faire la guerre à l’auto » et parle plutôt de « rééquilibrer le partage de la voie ».

La mesure phare de l’annonce de mardi est sans aucun doute l’aménagement d’une piste cyclable sur le chemin Sainte-Foy. Dès la rentrée scolaire, la Ville va retirer deux des quatre voies aux voitures et enlever des dizaines de cases de stationnement.

À terme, cette piste cyclable doit devenir l’un des trois corridors Vélo cité (CVC) de la capitale, un concept porté par le maire Bruno Marchand et inspiré du Réseau express vélo (REV) à Montréal. Le nom est différent, mais le principe est le même que dans la métropole : des pistes cyclables confortables, larges, ouvertes toute l’année et unidirectionnelles.

« Tant qu’il va rentrer autant de monde dans nos hôpitaux, on n’y arrivera pas. Une des solutions est que les villes soient aménagées de façon différente pour favoriser la santé des gens. Se déplacer activement, c’est la meilleure façon de rester en santé », a lancé Bruno Marchand lors de l’annonce.

Le vélo traîne la patte dans la capitale. Selon l’enquête origine-destination 2017, la part modale du vélo était de 1,4 % dans l’agglomération de Québec. Elle est de 3,3 % sur l’île de Montréal.

Mais le maire est convaincu de pouvoir changer les choses. La clé ? Augmenter l’offre aux cyclistes. Durant son voyage à Copenhague, il a rencontré l’urbaniste danois Jan Gehl, qui lui aurait dit : « Ça fait 300 villes avec lesquelles je travaille et les 300 nous ont dit : “Vous savez, on est une ville d’autos.” »

« Ce ne sera jamais la Ville de Québec qui dira aux gens comment se déplacer, nous faisons confiance à l’intelligence des citoyens. Et eux seuls savent ce qui est le mieux pour eux », lance Bruno Marchand.

Mais présentement, ce qui est le mieux pour certains n’est pas du tout considéré. Et c’est pour ça qu’on rééquilibre le partage de la voie.

Bruno Marchand, maire de Québec

Le premier corridor Vélo cité sera aménagé entre Charlesbourg et Saint-Roch d’ici 2024. Un second doit voir le jour vers Lebourgneuf. Mais celui annoncé sur le chemin Sainte-Foy est le plus prometteur pour l’achalandage selon les projections des fonctionnaires municipaux.

Le projet mis en place dès la rentrée scolaire sera « transitoire ». La piste sera longue de 2,4 km avec de modestes bandes cyclables bordées de bollards. Mais à terme, Québec veut en faire un véritable CVC, avec de vrais aménagements qui séparent vélos et autos.

La Ville n’a pas donné d’échéancier. Mais elle ne veut pas gérer ce chantier en même temps que celui prévu pour le tramway sur le boulevard René-Lévesque. La superpiste sera donc aménagée dans sa version définitive rapidement, ou devra attendre plusieurs années.

Bruno Marchand ne cache pas qu’il est inspiré par l’expérience montréalaise. « Ce n’est pas par hasard qu’il y a plus de commerces qu’il y en avait avant le REV sur Saint-Denis, ce n’est pas un hasard s’il y a plus d’achalandage », a-t-il dit.

« Idéaliste » et « téméraire »

L’annonce de M. Marchand a été mal reçue par les deux principaux partis de l’opposition à l’hôtel de ville. Selon le chef de Québec d’abord, le maire « avance très vite et retire beaucoup de voies de circulation sans consultation, sur Dalhousie, dans le Vieux-Québec et là chemin Sainte-Foy ».

« Je pense que le maire ne mesure pas tous les impacts. On peut parler de témérité. Le maire a été à Copenhague, il a été impressionné, il veut aller vite », lâche Claude Villeneuve, qui dit s’inquiéter pour la fluidité de la circulation et du déneigement.

IMAGE FOURNIE PAR LA VILLE DE QUÉBEC

Une image de ce à quoi ressemblera le chemin Sainte-Foy dès l’été prochain

Pour la deuxième opposition, l’Équipe priorité Québec, le maire est « idéaliste », « philosophe » et son projet, « décousu ». « On n’est pas contre les projets cyclistes, mais prenons le temps d’analyser », a lancé le conseiller Stevens Mélançon.

Bruno Marchand se dit conscient que des automobilistes vont critiquer son projet. La Ville prévoit que le trajet entre l’avenue De Salaberry et l’Université Laval prendra de une à cinq minutes de plus en auto. Quant au retrait de cases de stationnement, le maire assure qu’« il y a de l’espace à proximité pour se garer, ce ne sera pas un enjeu ».

L’organisme Accès transports viables a salué l’annonce. « Avec des voies de plus de deux mètres de large chacune, un déneigement quatre saisons et une zone tampon assurant la sécurité des pistes cyclables dès 2023, Sainte-Foy donne le ton pour le futur des axes Vélo cité », indique la porte-parole, Angèle Pineau-Lemieux.

La Ville de Québec a aussi annoncé la bonification des liens cyclables situés sur la 4Avenue Est – entre la 22Rue et la 5Avenue Est – et le boulevard Laurier.